Le sentiment général est partagé entre un souvenir libertaire teinté de nostalgie d’une part, et l’amertume du constat d’un gâchis suite au mouvement de mai 1972 dans le pays, de l’autre.
S’émanciper de l’impérialisme culturel, scandaient les jeunes en ce temps, le « Nos ancêtres ne sont pas les Gaulois » comme pour illustrer que l’identité malgache diffère de celle de l’ancien colonisateur que l’on a essayé d’inculquer à travers l’enseignement. Par-delà, c’est tout le système de l’enseignement à Madagascar qui est critiqué pour un contenu plus malgache, adapté aux réalités sociales et culturelles puis l’on a versé dans la critique de la politique de l’enseignement pour se diriger vers ce que l’on a appelé la démocratisation de l’enseignement. Fini le « sekoly miangatra » (l’enseignement sectaire) l’une réservée aux enfants de la bourgeoisie (surtout bureaucratique et urbaine); l’autre, l’école pour les ruraux et les couches défavorisées des villes). Voilà un des volets à retenir de mai 1972. Le bilan à retenir en 2025 est mitigé. Si le besoin identitaire persiste encore, il faut cependant temporiser. Si sous la Première République il n’y avait en tout et pour tout que les chefs-lieux des provinces (sauf Antsirabe) qui étaient dotés de lycées dignes de ce nom, mais du point de vue de la qualité (niveaux enseignants et des diplômés), le résultat laisse à désirer.
Pour ceux qui sont déçus de mai 72 ou carrément, contrent même son apparition. Il faut surtout mettre en avant la dégradation économique du pays. En fait, le mouvement estudiantin n’en est pas responsable mais ce sont plutôt ceux ayant phagocyté le mouvement et pris le pouvoir qui en sont la cause. Il y a eu tout d’abord le général Ramanantsoa qui, pour se maintenir, avait fait acte de populisme (suppression anti-productive de l’impôt per capita) d’irréalisme en captant les impôts collectés au niveau des structures décentralisées les privant ainsi de financement pour les besoins de base d’infrastructure (route, santé..). Puis ce furent ses successeurs qui, par leur politique de nationalisation doublée d’un népotisme à leurs têtes, ont fini par annihiler les volontés d’entrepreneuriat. Certains diront qu’on a surtout nationalisé les grandes compagnies étrangères mais toujours est-il que les structures ont survécu mais leurs rênes ont changé de mains ! Ceci étant, il ne faut toujours pas jeter l’opprobre (la honte) sur mai 72.
M.Ranarivao