Pendant longtemps à quelques exceptions près, les conseillers en développement ont prôné, suggéré ou on prit comme modèle de feuille de route la poursuite des étapes de la croissance économique, élément moteur du développement économique. Un Processus historique passant (obligatoirement ?) par cinq paliers à savoir selon Rostow :
- La société traditionnelle où l’on ne vit que l’exploitation de la terre…
- Les conditions préalables au décollage : le changement est plus facilement accepté, ce qui permet à la croissance économiquede dépasser la croissance démographique, grâce à la révolution agricole notamment.
- Le décollage (ou take-off) : c’est l’étape décisive, le moment où la croissance devient un phénomène auto-entretenu. Durant une vingtaine d’années, les investissements massifs dans l’industrie permettent une inflexion majeure et durable du rythme de la croissance.
- La maturité : elle correspond à la seconde révolution industrielle : les niveaux de vie s’améliorent sensiblement …
- La consommation de masse : c’est l’étape ultime de la société, elle renvoie aux roaring twentiesaux États-Unis (les années 20 marquées par la prohibition) et à l’après Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale (Trente Glorieuses).
Quand parlant de l’Afrique, Nicolas Sarkozy dit que ce continent n’est pas encore entré dans l’histoire, il a eu sûrement en tête ces étapes Rostowiennes pour justifier le stade de « Bien être » matériel auquel les Africains n’ont pas encore atteint.
Mais voilà, que certains économistes, ceux qui brandissent « Un développement durable » face au constat de la disparition des ressources naturelles, en particulier, et des menaces sur la biodiversité, en général, mettent en avant, la théorie de la décroissance économique pour enrayer cette descente inéluctable vers « la mort de la planète ». Pour cela, ils préconisent une croissance négative c’est-à-dire moins de course à la production et moins de consommation, pour résumer.
Seulement, depuis des millénaires si l’on suit la logique de Rostow, l’humanité a lutté contre la faim, le froid, la maladie, l’isolement pour jouir un tant soit peu de ce que peut offrir son héritage universel, voilà qu’une partie des êtres humains se voit priver à jamais de profiter des « commodités» qu’une autre partie a déjà largement profité. Les petits africains ou asiatiques n’auront donc jamais ni de motos ni de voitures, ni de voyager en avion et encore moins d’habitats à air conditionné sous prétexte que ces « plaisirs normaux » ne leur sont plus nécessaires parce que voraces en énergie. Energie qu’ils ont fournie sans contrepartie pendant des siècles. Où est l’équité à ce compte-là ? Le génie humain saura-t-il réparer cette injustice ?
M.Ranarivao