Les présentations en 3D de Tana-Masoandro font fureur, on y voit des immeubles bien alignés avec des rues larges à merveille, des écoles, des commerces, des hôpitaux, des parcs de jeux pour les enfants, des parkings, des espaces verts et des gens qui s’affairent dans les rues, bref une ville animée agréable à vivre. Le miracle des images virtuelles fait son effet et tout un chacun y croit. Les promoteurs peuvent s’en féliciter. Seulement, du rêve à la réalité au vu de la situation actuelle de l’état des villes actuelles et du pays, il y a encore beaucoup à faire car les désillusions ne sont pas rares et les exemples n’en manquent pas. Pour preuve le cas de « Nova Cidade de Kilamba ». Kilamba est une bourgade à une trentaine de kilomètres de Luanda, la capitale angolaise. Mais cette cité nouvelle, comme son nom l’indique, est une véritable ville fantôme, révélé dans un reportage de BBC News Africa. «Destinée à accueillir au moins un demi- million de personnes, Nova Cidade de Kilamba a été construite par une entreprise publique chinoise — China International Trust and Investment Corporation, CITIC— en trois ans pour une somme estimée à 3,5 milliards de dollars (environ 2,8 milliards d’euros). Etendue sur 5.000 hectares, cette ville satellite est l’une des plus importantes construite par les Chinois en Angola, et également l’un des chantiers immobiliers les plus conséquents d’Afrique. Un projet qui fait suite à la promesse du président José Eduardo Dos Santos de construire un demi-million de logements dans le pays durant son mandat».Cet exemple n’est pas très différent de notre projet bien qu’on puisse en citer d’autres en Afrique (Kenya, en République Démocratique du Congo), en Chine et même en Europe (Espagne). Ce qu’ils ont en commun, ils sont devenus des villes fantômes. Pour Kilamba, « Sur les quelques 2.800 appartements actuellement en vente, seuls 220 ont été vendus. La raison est simple : avec un prix compris entre 120.000 et 200.000 dollars (95.000 et 160.000 euros), ces logements sont en premier lieu destinés aux classes moyennes et aisées d’Angola. Ce type de projet s’avère inadapté dans un pays où deux tiers de la population vit avec moins de deux euros par jour.» Note le reportage de la BBC, mais chez nous, il y a plus de 80% de la population qui vivent avec moins d’un euro ! « Comparaison n’est pas raison » dit-on mais on ne peut qu’être septique quant à l’issue du projet Tana-Masoandro. Mais pourquoi s’y acharne-t-on ? Peut-on se demander, l’Angola pouvait se le permettre avec son pétrole mais nous qu’est-ce que nous offrons en contrepartie ? L’opacité des transactions du financement ne fait qu’amplifier le doute sans parler des autres volets comme les vrais destinataires de ces immeubles, à part les ministères qu’on peut délocaliser pour désengorger le vieux « Tana », mais après ? Le procédé qui devrait être gagnant entre les promoteurs et la population, il est à craindre qu’il ne profitera finalement qu’à une seule des deux parties.
M.Ranarivao