Dans les moments forts de la crise à Madagascar, une séquence est passée furtivement dans un reportage télévisé, celle d’un jeune balançant en gros plan l’étendard russe. Furtive mais significative de la volonté et de s’ingérer dans les débats et d’influencer les sympathisants que la Russie est l’alternative qu’il faut choisir pour résoudre la crise.
Quelques jours après, la chaîne a diffusé à grands renforts de publicité un grand festival mondial de musique style Eurovision mais en contre miroir, « l’Intervision » a eu lieu à Moscou. Le duo malgache D Lain et Denise n’a pas gagné mais (grâce à la réalisation) a remporté une place de choix auprès du public à tel point que vu d’ici, on aurait dit qu’il avait emporté le trophée. Fait anodin peut-être, mais qui compte beaucoup auprès des jeunes que Moscou veut séduire. Dernièrement, une livraison en catimini d’armes a été faite pour sécuriser les tenants du pouvoir contre d’éventuels, dit-on « contre-révolutionnaires », mais aussi pour montrer que désormais le pays a choisi son camp. Moscou insiste donc dans la déstabilisation dans ce qui reste de l’ancien pré carré français dans cette région.
De quoi sera fait le lendemain ? Jusqu’ici les sollicitations de coopération avec le pouvoir en place viennent de la France, des USA, de Maurice, de la Grande Bretagne… Et Iavoloha reste dans l’expectative devant les chants de sirènes qui fusent de partout.
Mais la prudence commande de réfléchir à deux fois, nous avons eu par le passé des relations étroites, il est vrai du temps des Soviets, qu’avons-nous gagné ? Oui, des milliers de kalachnikovs, des orgues de barbarie et des Mig 17 et 21 etc… mais des rebuts de l’armée rouge ou au mieux ce qui ne se vend pas en Afrique (la Russie est le premier vendeur d’armes sur le continent). En contrepartie, nous leur avons livré des produits de rente jusqu’au chocolat devenu introuvable sur le marché local. Mais il faut aussi remarquer qu’il en est de même avec l’Occident et en plus, des termes de l’échange qui se dégradent en notre défaveur, en gros c’est du pareil au même. C’est comme disent les jeunes d’aujourd’hui : « Io Lexis ihany no kotozafy ».
Mickey Ranarivao



