« Il faut quatre alternances démocratiques pour assurer le développement de Madagascar ». L’opposition n’est pas allée par …quatre chemins pour (se) demander si le président de la République a l’intention d’effectuer quatre quinquennats, en faisant cette remarque dans son message à la Nation du 31 décembre dernier. A la limite, la question qu’on pourrait se poser est de savoir si l’alternance démocratique du 19 janvier 2018 est incluse dans ce quatre à la suite. En tout cas, Andry Rajoelina pourra rester au maximum 10 ans à la barre conformément à l’article 45 alinéa 1er de la Constitution qui dispose que « le président de la République est le chef de l’Etat. Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois ». En cas de réélection en 2023, son bail au palais d’Iavoloha n’expirera qu’en 2028. Si le TGV veut aller au-delà du terminus constitutionnel, il faudra impérativement mettre sur les rails la Vème République. En effet, la Constitution de la Quatrième République prévoit expressément en son article 163 alinéa 1er que « la forme républicaine de l’Etat, le principe de l’intégrité du territoire national, le principe de la séparation des pouvoirs, le principe d’autonomie des Collectivités Territoriales Décentralisées, la durée et le nombre du mandat du Président de la République, ne peuvent faire l’objet de révision ». La Constitution que l’actuel président de la République avait lui-même initiée en 2010, du temps où il était à la tête de la Transition, de constater d’ailleurs dans son préambule que « le non-respect de la Constitution ou sa révision en vue de renforcer le pouvoir des gouvernants au détriment des intérêts de la population sont les causes des crises cycliques ». L’article 163 in fine de réaffirmer que « les pouvoirs exceptionnels détenus par le Président de la République dans des circonstances exceptionnelles ou de trouble politique, ne lui confèrent pas le droit de recourir à une révision constitutionnelle ». Pour contourner toutes ces balises, il faudra adopter une nouvelle Constitution et une nouvelle République. En attendant, c’est un procès d’intention autour d’un faux débat que l’opposition fait à Andry Rajoelina qui pourra encore rester 7 ans aux commandes, s’il arrive à obtenir un second quinquennat en 2023. Ce qui lui fera 10 ans à la tête de l’Etat, voire 15, en comptabilisant les 5 ans de la transition.
R.O