Cela fait cinq mois que le nouveau régime est en place, et cela fait également cinq mois qu’il a mis en exergue la tolérance zéro au niveau de la lutte contre la corruption. Mais jusqu’à maintenant, le consortium des organisations de la société civile engagées dans cette lutte contre la corruption (en l’occurrence l’ONG Ivorary, Transparency International Initiative Madagascar, ONG Tolotsoa, Miel, mouvement Rohy) affiche son « inquiétude » quant à son effectivité et son efficacité. Mardi dernier, à Ambatonakanga, il (le consortium) a mis en avant les faits qui justifient cette inquiétude.
Avoirs illicites. D’abord, au niveau de la loi sur le recouvrement des avoirs illicites, le consortium estime que son adoption – demeurant tardive nonobstant la lettre ouverte envoyée au président de la République en mai dernier, ainsi que les différentes interpellations y afférentes – est plus qu’impérative. Par ailleurs, la même coalition des organisations de la société civile « met en garde contre la tentation de promulguer un texte qui aurait perdu la substance initiale du projet de loi » et souligne au passage, qu’elle tient « à avoir accès au texte avant son adoption, afin de pouvoir juger son bienfondé ».
Hausse et baisse non justifiées du budget. Par ailleurs, elle pointe du doigt la réduction de 44% du budget des pôles anti-corruption, laquelle réduction est prévue dans la loi de finances rectificative 2019. En effet, le budget est passé de 7 milliards, à 3,3 milliards d’ariary, et ce, malgré le fait, selon toujours les arguments avancés, que la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption prévoit des moyens suffisants, signal effectif d’une volonté politique de vraiment la combattre. Mais ce n’est pas tout. Dans cette même optique, la coalition n’arrive pas à comprendre pourquoi les indemnités des membres de la Haute Cour de Justice (HCJ) s’élèvent à 20 millions d’Ariary par mois, alors que les activités entreprises et les résultats de leurs travaux en rapport avec la lutte contre la corruption sont moins palpables. L’autre incompréhension réside au niveau du budget de la Chaîne spéciale de lutte contre le bois de rose et/ou du bois d’ébène qui est revu à la baisse, c’est-à-dire à 106 millions d’ariary, dans la loi de finances rectificative 2019, contre 116 millions d’ariary dans la loi de finances initiale de la même année. Et pour couronner le tout, la société civile rappelle que les organes de contrôle des finances publiques et la commission de contrôle de la vie politique – qui sont pour l’instant « des coquilles vides » pour reprendre ses termes – ont subi une baisse de 16% au niveau de leur budget : -92,2% pour la Direction de l’Audit Interne et -75,8% pour la commission des marchés. La coalition de la société civile conclut qu’ « il n’est pas trop tard pour agir et redresser la barre de manière tangible ». A suivre.
Aina Bovel