
Gouvernants et gouvernés sont soumis aux mêmes normes juridiques, d’après le préambule de la Constitution qui préconise aussi la responsabilisation des dépositaires de la puissance publique, y compris en matière de code de la route.
Depuis qu’une ministre a été rappelée à l’ordre par le PM Ntsay Christian, aucun membre du gouvernement n’ose plus user et abuser de gyrophare et/ou de voiture ouvreuse dans ses déplacements, sauf pour se rendre en qualité de représentant du pouvoir à une cérémonie comme la célébration du 14 juillet à Ivandry, pour ne citer que la fête nationale française. Dans ce cas, celui ou celle qui représente le chef du gouvernement ou de l’Etat, a même droit à un motard pour dégager la voie. En dehors des rares exceptions qui confirment la règle, les princes qui nous gouvernent sont tenus de respecter le code de la route, notamment les panneaux de signalisation genre sens interdit ou céder la priorité. Et ce, pour le « vivre ensemble » entre gouvernants et gouvernés.
214 cocardes. La cocarde « maitso, fotsy, mena » installée sur le tableau de bord ou suspendue sur le plafond du véhicule n’est pas un « sésame ouvre-toi » par rapport à la circulation, quand bien même cela n’empêcherait pas certains de s’en servir comme passe-droit dans les embouteillages, en se réfugiant souvent dans l’anonymat que leur procurent les vitres fumées. En plus de la cocarde tricolore qui est un signe extérieur de pouvoir, non seulement pour les membres de l’Exécutif, mais également pour les parlementaires. Avec 151 députés et 63 sénateurs, cela fait en tout et pour tout, 214 cocardes en …circulation. Même si l’on enlève les 2 députés et le sénateur actuellement en détention préventive, les voitures avec cocarde pourraient courir les rues de la capitale, surtout durant les sessions – ordinaires ou extraordinaires – du Parlement. Qui plus est, la cocarde est quasi-systématiquement relevée alors que le député ou le sénateur ne se trouve pas forcément à bord du véhicule.
Bureau permanent. On se souvient que sous la Deuxième République, seuls les membres du Bureau permanent avaient le droit de mettre une cocarde sur leurs véhicules. L’Assemblée nationale populaire ne comptait d’ailleurs que 5 vice-présidents puisque le président était considéré comme représentatif de sa province d’origine. Il n’y avait non plus que 2 questeurs pour 137 députés. Au total, l’effectif du Bureau permanent n’atteignait même pas une dizaine de membres. Pas de Rapporteur général à l’époque. Pas de sénateurs non plus car le Parlement était monocaméral. Le président Andry Rajoelina a d’ailleurs souligné le caractère budgétivore de la Chambre haute qu’il compte rayer à terme de la carte des institutions de la Quatrième République. En attendant de concrétiser son « Velirano » relatif au Sénat, il a pris une ordonnance réduisant à 18 le nombre des « Loholona ». Pour sa part, le Premier ministre Ntsay Christian estime qu’il ne faut pas balayer d’un revers de main tout le passé, mais garder ou réactualiser ce qui était bon. Pourrait en faire partie, la limitation de l’utilisation des cocardes aux seuls membres du Bureau permanent de l’Assemblée nationale et de celui du Sénat. Avec les 22 ministres, il y aurait nettement moins de cocardes « maitso, fotsy, mena » en …circulation. Mais avec plus de plaque rouge, une autre mesure remise au goût du jour par le PM malgré quelques récalcitrants qui sont dans le… noir.
R. O