A l’allure où vont les choses actuellement, la trêve politique risque de ne pas être respectée durant les fêtes de fin d’année.
Sauf changement de dernière minute, le procès de l’affaire Augustin Andriamananoro aura lieu demain au tribunal d’Anosy. Un évènement très attendu au niveau du microcosme politique dans la mesure où cette affaire est considérée comme un véritable acharnement contre les proches collaborateurs de l’ancien président de la Transition, Andry Rajoelina. Une vengeance politique en quelque sorte. Et ce, même si l’ancien ministre des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies a participé activement à la campagne électorale qui a permis à Hery Rajaonarimampianina d’accéder à la Magistrature suprême. Bon nombre d’observateurs estiment que cette affaire n’est que le début d’une longue série d’incarcérations d’opposants au régime HVM. En effet, plus d’un pointe du doigt la partialité des autorités dans la gestion des dossiers judiciaires impliquant différents acteurs politiques. Opposants et pro-régime ne sont pas traités sur un pied d’égalité. Accusé d’être l’instigateur de la réunion publique non autorisée qui s’est tenue à Soamahamanina dans le cadre du mouvement de contestation de l’exploitation aurifère opérée par une société chinoise, Augustin Andriamananoro a été arrêté et incarcéré. Son arrestation perpétrée en plein enterrement de sa belle-mère a d’ailleurs défrayé les chroniques.
« Intouchable ». Pourtant, de son côté, la femme milliardaire Claudine Razaimamonjy, suspectée d’être impliquée dans le détournement d’une somme de 390 millions d’Ariary à titre de subventions exceptionnelles pour la Commune rurale d’Ambohimahamasina, dans la Région Haute Matsiatra jouit jusqu’ici de son statut d’ « intouchable ». Son dossier semble avoir été étouffé. L’affaire a visiblement été classée sans suite. En essayant de coincer cet opérateur économique connu comme étant une proche du couple présidentiel, le Bureau Indépendant Anti-Corruption (Bianco) a finalement été dessaisi du dossier. Pourtant, au cours d’une rencontre avec la presse, le Directeur général de cet organisme indépendant, Jean Louis Andriamifidy a confirmé que Claudine Razaimamonjy a ignoré deux convocations du Bianco. Malgré les preuves publiées notamment par des agents de l’Inspection Générale de l’Etat (IGE), la milliardaire n’a pas du tout été inquiétée, ni enquêtée. Reste à savoir si cette situation a un lien avec son statut. D’ailleurs, d’après les rumeurs, elle disposerait d’un portefeuille inépuisable. Ce qui est sûr en tout cas c’est que sa fortune n’a cessé d’augmenter en trois ans de pouvoir du HVM. Contre toute attente, cette affaire a failli coûter son poste au DG du Bianco, puisque le Sénateur Riana Andriamandavy VII, un des proches de Claudine Razaimamonjy et non moins grande figure du parti « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara » n’a pas hésité à réclamer publiquement sa démission. C’était lors du face-à-face Gouvernement – Sénat qui s’est déroulé au Palais de Verre d’Anosikely. Quoi qu’il en soit, cette Justice à deux vitesses ne peut qu’aggraver la situation de plus en plus délétère.
Davis R