On multiplie les clins d’œil et les signes de bonne volonté pour obtenir un financement du FMI. A la veille de l’arrivée de la délégation du Fonds monétaire international, le cours des changes a fait un bond surprenant. L’ Euro s’est retrouvé à 3414 Ariary alors qu’il a été à 3142 et le dollar à 3063 Ariary alors qu’il était à 2600. La perte de valeur est significative. Il faut de plus en plus d’Ariary pour acheter un euro ou un dollar. Ceux qui effectuent encore leur calcul en FMG – ils sont encore nombreux à notre époque – n’en reviennent pas. L’euro est maintenant à plus de 17 000 Fmg et le dollar vendu à plus de 15 000Fmg. Le rêve d’un Ariary monnaie refuge s’évanouit chaque jour un peu plus pour les ménages devant la perte de pouvoir d’achat.
Clins d’œil au FMI
Mais des hauts responsables de la politique monétaire sont satisfaits de cette perte de valeur de la monnaie nationale. Car, pour relancer l’économie, en particulier pour doper les exportations dans la situation actuelle, un Ariary plus faible et une politique budgétaire efficace sont indispensables. La dépréciation permettrait d’attirer au final les investissements directs étrangers, si bien sûr, tout marche comme prévu. A cette fin en effet, le gain de compétitivité espéré à travers la dépréciation de la monnaie ne doit pas être rongé petit à petit par l’inflation interne des prix dont la hausse reste inquiétante. Des observateurs voient en l’évolution du taux de change actuel un moyen de séduction du FMI pour sauver les perspectives de croissance de 2015. La délégation du FMI sera dans nos murs à partir de demain. Elle a eu « des entretiens francs et constructifs avec les autorités sur l’évolution économique récente et sur les perspectives à moyen terme» comme le souligne le rapport de sa dernière visite qui remonte au mois de juin dernier. La mission a prévu de revenir au mois d’août pour finaliser l’accord sur un nouveau programme de Facilité de Crédit Rapide (FCR) d’un montant de 47,1 millions de dollars. Elle n’arrive que maintenant, sans doute, à cause des élections communales qui a occupé et retenu l’attention de nos autorités. Mais quoi qu’il en soit, la volonté d’obtenir un financement du FMI est bel et bien affichée à travers des indices qui ne trompent point. Le FMI a salué les efforts en faveur de l’assainissement des états de solde de l’État, du renforcement des administrations fiscale et douanière, de l’amélioration de la transparence de la Banque Centrale, de l’élaboration du cadre de la politique économique à moyen terme, et de la poursuite des réformes de l’appareil judiciaire pour garantir le respect de l’État de droit, et des grandes entreprises publiques telles que Air Madagascar et JIRAMA. Malgré les difficultés, les négociations devraient aboutir.
Zo Rakotoseheno