
La Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) n’en a pas fini avec l’affaire Antsakabary. Elle envisage d’effectuer une descente sur les lieux dans les semaines qui viennent.
Moins d’un an après les faits, les auteurs des crimes odieux perpétrés à Antsakabary restent impunis et les réparations y afférentes sont loin d’avoir vu le jour. C’est dans cette optique que la CNIDH envisage d’effectuer une deuxième descente sur les lieux pour le suivi de l’affaire. Entend-elle, la CNIDH, par « suivi de l’affaire » tout ce qui a trait à « l’évolution de la situation, à la réparation des victimes et aux travaux de réhabilitation des foyers incendiés » pour reprendre ses termes. Effectivement, toujours d’après ses explications hier aux 67 hectares, les huit présumés auteurs du meurtre des deux policiers – élément déclencheur des représailles – demeurent en cavale.
Aucune suite. Mais ce n’est pas tout. La CNIDH a rappelé ou informé (c’est selon) que les cinq prévenus ont été remis en liberté « pour expiration du délai légal de mise en détention préventive » mais n’ont pas encore été jugés. Et pire ! Tout porte à croire que la date du procès est renvoyée aux calendes grecques. Aussi, a-t-on appris que la plainte de la population pour incendie criminel et maltraitances n’a connu aucune suite. « La poursuite est mise en sourdine pour la quarantaine de policiers incriminés », affirme la CNIDH, avant de poursuivre que le tribunal de Mandritsara s’est dessaisi de l’affaire « au profit du tribunal de première instance d’Antananarivo ». Néanmoins, « aucune audition » n’a été concrétisée « sept mois après le transfert des dossiers et un an après les faits ».
Lanceurs d’alerte. Outre l’affaire Antsakabary, la CNIDH projette également de suivre de près la situation des lanceurs d’alerte. Tel est le cas, par exemple, de Raleva – activiste environnemental, opposant farouche à l’exploitation aurifère des Chinois à Mananjary. Nous savons qu’il est, depuis le 3 octobre de l’année dernière, incarcéré arbitrairement en prison en attendant son procès. Une détention arbitraire qui ne lui a pas permis de préparer et présenter sa défense. Par rapport à ces faits, la CNIDH compte effectuer également dans le courant de cette année une descente à Vohilava Mananjary aux fins « de voir les risques auxquels est exposée la population locale face à l’exploitation aurifère chinoise et d’enquêter sur le droit à la défense et à un procès équitable » en se référant au cas de Raleva.
Aina Bovel