Après une petite remontée due notamment à l’annonce d’une flambée des cours de la vanille, l’ariary retrouve de nouveau le chemin de la dépréciation
« Les mêmes faits sont punis de la même peine lorsque la publication, la diffusion ou la reproduction est de nature à ébranler la confiance du public en la solidité de la monnaie ». Cet extrait de l’article 30 alinéa 3 du code de la communication fait partie des dispositions jugées liberticides de cette loi adoptée en forcing par le régime. A la lecture de ces dispositions, parler du mal de l’ariary pourrait exposer les journalistes à une amende de 3 000 000 à 6 000 000 Ariary. Et ce conformément à l’alin éa 1 de ce même article 30 qui stipule que « la publication, la diffusion ou la production par quelque moyen que ce soit de fausses nouvelles, de pièces ou faits trafiqués, altérés, falsifiés
ou mensongèrement attribués à des tiers et laquelle aura induit le public en erreur, troublé la paix publique ou aura été susceptible de la troubler, est punie d’une amende
de 3 000 000 à 6 000 000 Ariary ». Et pourtant, le contexte économique actuel prouve que l’ariary est loin d’être une monnaie solide. Mais plutôt d’une monnaie qui joue au yoyo.
Dépréciation. La preuve : les prix à la pompe du carburant ont connu une petite baisse, la semaine dernière. Un ajustement des prix consécutif, notamment à l’appréciation de l’ariary constaté courant juillet et août ainsi qu’à la baisse du baril de pétrole sur le marché international. Mais la donne risque de nouveau de changer car la dépréciation de l’ariary qui a cours actuellement risque de servir de prétexte aux pétroliers pour une hausse prochaine des prix à la pompe. En effet, hier, sur le marché interbancaire des devises, le cours de référence de l’euro était de 3 408 ariary contre 3 313 ariary en début août, soit une dépréciation de -2,7% en un mois. Même topo pour le dollar américain qui était à 3 048,74 ariary, hier contre 2 985 ariary en début août, soit également une dépréciation de -2% en un mois. Cette dépréciation s’explique, entre autres par le calme qui est revenu au niveau du secteur de la vanille, où l’on craint une grave crise en raison d’une probable flambée des cours internationaux. En effet, avec un prix qui pourrait dépasser les 300 USD le kilo et une qualité en baisse, en raison d’une cueillette précoce et une pratique de l’emballage sous vide, les industriels risquent tout simplement d’opter pour la vanilline de synthèse. Par ailleurs, les rumeurs selon lesquelles les transactions sur la vanille servent aux trafiquants de bois de rose à blanchir leur argent contribuent à cette crise de l’or noir de Madagascar.
Mauvaise performance. Outre la crise de la vanille, l’actuelle dépréciation de l’ariary n’est en fait que la manifestation de la mauvaise performance économique de Madagascar constatée ces dernières années. Une dépréciation arrive en effet quand un pays fait des déficits jugés excessifs, où s’il ne maîtrise pas ses balances de paiement ou encore si son taux de chômage est trop élevé. Bref, quand l’économie est au plus bas, la monnaie se déprécie car les investisseurs perdent confiance. Et les parités de la monnaie sont révisées automatiquement par le biais de la dépréciation si un pays applique le flottement ou par la dévaluation s’il s’agit d’un taux de change administré. Et ce, afin d’avoir un équilibre entre la valeur de la monnaie et la réalité économique du budget. Et là encore, les chiffres du MID publiés quotidiennement sur le site de la Banque Centrale prouvent une baisse de la performance économique. En effet, en début septembre 2013, par exemple, l’euro était à 2 884 contre 3 408 ariary, actuellement, soit une dépréciation de -15%. Quant au dollar, il était de 2 198 ariary en septembre 2013, contre 3 050 actuellement, soit une dépréciation de -27% en 3 ans.
