Le code de la communication votée à l’Assemblée a été promulgué. Il l’a été à la sauvette et la nouvelle n’a été connue que grâce à des indiscrétions de l’entourage du président de la République. Il s’applique donc maintenant au monde de la presse, mais le ministère de la Communication semble être très prudent. Le ministre de tutelle affirme que les efforts de son administration sont pour l’instant axés sur la sensibilisation et la vulgarisation de la loi dans toute l’île.
Code de la communication : La campagne d’explication du ministère
Le monde de la presse a été unanime dans la condamnation de ce code de la communication différent de celui conçu lors d’ateliers organisés par la profession en collaboration avec des organismes internationaux. La contestation s’est organisée tout de suite et un front uni des journalistes et des patrons de presse s’est constitué. Des actions ont été menées pour dénoncer ce code « liberticide ». La presse écrite et audiovisuelle n’a pas cessé d’interpeller le pouvoir sur les dangers qu’il faisait planer sur le milieu journalistique. Mais le pouvoir n’en a pas tenu compte et a tout fait pour que la loi soit votée à l’Assemblée nationale. Elle a été mal votée puisqu’elle ne l’a été que par une vingtaine de députés. Le forcing du pouvoir a soulevé un tollé dans l’opinion publique. Le contrôle de conformité à la constitution par la HCC s’est fait sans problème et le monde de la presse s’est donc trouvé sans voie de recours. Ce dernier ne s’est pas résigné et a continué à protester, encouragé par la réaction d’organismes internationaux rappelant l’importance de la liberté de la presse. Le régime s’est muré dans un silence prudent et n’a donc pas riposté. Il a agi en catimini et a promulgué la loi sans le faire savoir. Mais il a décidé de procéder en douceur. Il désire convaincre de son bienfondé et préfère sensibiliser et expliquer. Il fait pour le moment une véritable campagne sur tout le territoire. Et, une fois qu’il aura eu l’impression d’avoir réussi son opération, la loi sera appliquée. Le code de la communication initiale a été remaniée pour freiner les audaces d’une certaine presse, mais le pouvoir préfère ne pas heurter de front le monde de la presse.
Patrice RABE