
Leur sort était scellé à l’avance. Bon nombre d’observateurs ont vite compris que cette histoire de faux visas allait se solder par l’expulsion des 13 enseignants turcs qui auraient dû être présumés de bonne foi.
Ils n’auront pas le choix quant à leur destination, mais seront certainement embarqués à Ivato à bord d’un vol direct de Turkish Airlines pour Istanbul où ils seront cueillis par la police turque. Ou plutôt de Recep Tayyip Erdogan qui avait effectué une visite éclair à Tana le 25 janvier dernier et promis 60 millions de dollars en échange vraisemblablement de la tête des …Turcs. Présumés proches de Fethullah Gülen dont Ankara demande vainement à Washington l’extradition vers la Turquie. Un pays où les 13 enseignants du Collège La Lumière International iront probablement grossir les rangs des 45.000 personnes que le président turc a fait jeter en prison depuis « le coup d’Etat avorté » de juillet 2016.
Inquiétude. « Notre regard sur la Turquie est empreint d’inquiétude », a déclaré le président allemand Frank-Walter Steinmeier dans son premier discours. « Respectez l’Etat de droit », a-t-il lancé à son homologue turc même si les pouvoirs du président allemand sont sans commune mesure avec ceux du numéro Un turc. En effet, si les prérogatives du premier sont juste honorifiques, le second entend renforcer davantage ses pouvoirs déjà exorbitants à travers le référendum du 16 avril prochain. Cela n’a pas empêché le nouveau président allemand d’interpeller le tout puissant turc en ces termes : « Libérez Deniz Yücel ».
Par avion. Il s’agit du journaliste germano-turc de Die Welt qui est actuellement « en confinement solitaire » dans une prison de haute sécurité en Turquie. Son arrestation avait jeté le froid dans les relations entre Berlin et Ankara. La « livraison par avion » pour ne pas dire en colis express des 13 enseignants turcs par le régime Hery R. à Erdogan risque également d’impacter sur les relations entre Madagascar et l’Union Européenne. Cette dernière étant aujourd’hui la cible du président turc qui a menacé que « si l’Europe poursuit sur cette voie, aucun Européen, où qu’il soit dans le monde, ne pourra marcher tranquillement dans la rue ». C’est également et sûrement le sort réservé aux 13 enseignants turcs qui n’auront plus l’occasion de marcher tranquillement dans les rues d’Ambohibao où La Lumière …fuit.
R.O