A l’Assemblée nationale, l’ambiance est toujours très politique. Il y a quelques mois, les députés se sont unis pour tenter de destituer le Président de la République. Ils ont continué de faire trembler l’Exécutif après l’échec de la motion de déchéance, par le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement. Ces tentatives bien qu’avortées ont montré qu’à cette époque, le régime au pouvoir n’a pas le soutien d’une majorité à l’Assemblée. A chaque session parlementaire, l’Exécutif a toujours été hanté par la crainte d’une surprise désagréable. Il a souvent été la première victime de la versatilité des députés et de la politique à géométrie variable qui guide leurs actions en fonction des intérêts communs du moment.
Comme d’habitude
Mais à aucun moment, le Président de la République n’a voulu répondre aux attaques des parlementaires. Il n’a pas utilisé l’arme constitutionnelle dont il dispose lui permettant de dissoudre l’Assemblée nationale. Beaucoup de gens lui ont suggéré l’idée. Mais le Chef de l’Etat ne l’a pas fait et a toujours cherché le moyen d’apaiser et de réconcilier. La Haute Cour Constitutionnelle qui a donné son avis sur la motion de déchéance est aussi réticente à la solution de dissolution de l’Assemblée nationale. Elle a proposé que les institutions en conflit se lient par un pacte de responsabilité. Il en a finalement découlé un mémorandum de stabilité que soutiendrait aujourd’hui près d’une centaine de députés. Une nouvelle majorité parlementaire voit le jour. Mais la session parlementaire actuelle qui sera en grande partie consacrée au projet de loi de finances 2016 ne semble pas sereine. Certains députés se regardent en chiens de faïence alors que d’autres fêtent les retrouvailles après la péripétie des élections communales et municipales. Comme d’habitude, des bruits circulent. Cette fois-ci, ce n’est pas l’Exécutif qui est visé mais le Bureau permanent de l’Assemblée. Et pour cause, sa gestion est contestée. Il n’aurait pas tenu ses promesses. Des députés se préparent à le renverser pour changer sa composition. Comme d’habitude des députés concoctent et se regroupent en vue de cet objectif. Il est nécessaire d’avoir les deux tiers du vote de l’Assemblée pour réussir le coup. La députée Christine Razanamahasoa, la première qui a accédé au perchoir en sait quelque chose lorsqu’elle fut destituée au profit du Président de l’Assemblée nationale Jean Max Rakotomamonjy. La leçon à retenir est que le renversement du Bureau permanent n’est du domaine de l’impossible. Mais encore faut-il avoir le rapport de force nécessaire. De nouvelles alliances se mettent en place. A une grande partie des députés qui soutiennent le mémorandum de stabilité pourrait s’ajouter d’autres qui jouent pour le moment les observateurs. Comme d’habitude, l’Assemblée se met au diapason de son art favori, la politique politicienne.
Zo Rakotoseheno