29 mars 1947 – 29 mars 2017. 70 ans après les premiers mouvements d’indépendance, le constat est toujours le même de la part des politiciens et des patriotes : « Madagascar demeure sous les jougs des colons, sans connaître véritablement une indépendance stricto sensu ». A Ambohijatovo, la journée du 29 mars 2017 était une journée ordinaire car, après le départ des officiels, la circulation revenait à la normale, les commerçants ont rouvert leurs portes et les citoyens faisaient la navette. En aucun cas, le deuil n’a été mis en exergue. Mais quoi qu’il en soit, nous avons pu recueillir quelques réactions de la part des politiciens qui ont effectué leur devoir. A noter que deux associations ont également été sur les lieux, dont le « Za Gasy, Sahia mijoro » et l’association « Namana ».
*Rakotomanga Edmond, président des anciens combattants. « Nous avons obtenu l’indépendance mais nous n’hésitons pas à affirmer que les colons sont toujours présents à Madagascar. Ne pensez pas que Madagascar est indépendant et souverain. Nos terrains sont occupés par les Chinois et les Indiens, alors comment pourrait-on dire que nous sommes indépendants ? Rien ne va dans ce pays et pour cela, nous appelons les jeunes à se mobiliser, à prendre en main l’avenir de Madagascar et non se cantonner uniquement à émettre des avis. Nous estimons, par ailleurs, que si le MDRM avait gouverné la Grande Ile depuis, nous ne serions pas dans cette situation, d’autant plus que le patriotisme coule dans nos veines ».
*Rasolofo René . « 70 ans après ces mouvements, la Banque Mondiale rend un rapport selon lequel Madagascar fait partie des pays les plus pauvres. Nous dénonçons la pratique habituelle qui spolie les ressources naturelles et dérobe les Malgaches. Nous fustigeons également la complicité malsaine qui existe depuis toujours. Par voie de conséquence, il faut entamer des pourparlers entre les Malgaches. D’ailleurs, c’est la teneur de la réconciliation nationale. Aussi, revendiquons-nous toujours la remise des îles éparses par la France ».
*Eric Rakotomanga, président national de l’AKFM. « Nous constatons que le débat sur la terminologie n’est pas prioritaire. Il faut se focaliser d’abord sur les sacrifices effectués par ces patriotes. Nous avons entendu, par ailleurs, que le dépôt de gerbes ne pourrait être effectué que durant l’après-midi. C’est totalement inadmissible dans la mesure où cette commémoration incombe à tous les Malgaches et non à l’Etat uniquement. Nous espérons que cela ne va plus se reproduire pour les prochaines fois ».
*Edouard Tsarahame, RMTF. « Le devoir et la mission du Rodoben’ny Malagasy ho an’ny Fanorenana Ifotony ne vont pas s’arrêter là. Nous sommes toujours en quête de la vérité et nous allons creuser les causes, les raisons pour lesquelles la France a commis ce génocide. Elle doit indemniser Madagascar et ce, en commençant pas rendre nos îles éparses ».
*Olga Ramalason, TIM. « La commémoration du 29 mars 1947 a été tant attendue par les Malgaches et les partisans du président Marc Ravalomanana. Ce dernier n’a pas pu y assister vu les responsabilités qu’il devait assurer à l’étranger. Pourtant, il a envoyé ses représentants. Concernant le ni…ni…, nous comptons sur la sagesse du régime actuel et de la justice pour que cela ne se produise pas. »
*Irma Naharimamy, MAPAR. « Même si nous sommes dans un pays démocratique, il n’y a point de liberté vu les menaces et l’oppression effectuées à l’endroit du peuple. Par conséquent, la lutte continue ».
Recueillis par Aina Bovel