Les trafics en tous genres qui sévissent dans le pays ainsi que l’exposition aux actes terroristes avec une suspicion de présence de ces membres laissent penser que la Grande Île est un terrain fertile pour les malfrats internationaux. Interview du responsable de la police de l’air et des frontières (PAF).
Midi Madagasikara (M.M) : On entend toujours dire que la frontière malgache est devenue une « passoire ». Qu’en pensez-vous ?
Tsaramonina Victor (T.V) : L’aéroport étant la porte d’entrée et de sortie du territoire, la PAF a un devoir de donner une bonne image à ses usagers. La PAF est une représentante de l’Etat aux frontières, une autorité régalienne de sûreté. Elle met en place un dispositif de sécurité aux fins de protéger les personnes (et ses biens) qui circulent à la frontière. Cette mission se détaille comme suit : un contrôle de sûreté renforcé en utilisant des équipements et des matériels de sûreté pour lutter contre les trafics illicites et aussi pour la sûreté de l’aviation civile et ses passagers, et ce, selon les normes exigés par l’OACI ; application stricte des lois et règlements en vigueur ; missions de renseignements aux fins de démantèlement de réseau de contrebande ; mesure dissuasive et stricte dans le cadre du contrôle du flux migratoire tout en garantissant la liberté fondamentale des citoyens et la liberté de circulation. Le concept de la gestion coordonnée des frontières est nécessaire en respectant chaque mission des entités régaliennes. Elles sont d’ailleurs déterminées à collaborer pour atteindre les objectifs de sécurité et de sûreté des frontières. Tout cela pour répondre à votre question : je trouve qu’avec tous ces dispositifs, sans parler des renforcements des mesures de sécurité et de sûreté, le terme « passoire » serait inapproprié pour qualifier notre aéroport à Ivato.
M.M : Madagascar est réputé être un terrain de transit des terroristes. Est-on en mesure de contrôler et de surveiller le mouvement de ces gens ?
T.V : Ce sujet de terrorisme continue d’inquiéter plus d’un. La PAF a pour mission de contrôler le flux migratoire, aussi bien l’entrée que le départ de tous les passagers, quelle que soit leur nationalité. Des matériels sont à sa disposition pour accomplir cette tâche. Nos hommes travaillent ensemble avec les acteurs actifs et passifs, travaillant sur la plate-forme aéroportuaire et aussi d’autres entités publiques externes à l’aéroport. La recherche de renseignements est très importante pour assurer la réussite de cette mission de contrôle. C’est ainsi que la PAF travaille de près avec les services de renseignements sur place. Je souligne que le pays est membre de l’Interpol. Ce travail de réseautage nous aide beaucoup à identifier les présumés terroristes et autres malfrats parfois recherchés partout dans le monde. C’est dire que les mesures appropriées sont appliquées par la police de l’aéroport.
M.M : En parlant de la PAF, pouvez-vous dresser votre bilan de l’année 2015 ?
T.V : En tant que commissariat spécial aux frontières, elle assure les missions de police générale dont la sécurité, la police judiciaire, le maintien de l’ordre ainsi que le recueil des renseignements. En tant que police des frontières, elle assure le contrôle de sûreté économique et aussi le contrôle des flux migratoires. Rentre dans ce cadre la lutte contre les trafics en tout genre dont la traite de personnes, de devises, des espèces protégées selon la convention CITES, des ressources minières (en collaboration avec la douane). Cette année, la PAF a axé, en interne, ses efforts sur la restauration de la discipline et de la valeur policière. Les résultats sont nombreux cette année. Dans notre registre, nous avons noté que 15 personnes ont été incarcérées pour des trafics illicites en tout genre ; 2201 tortues ont été saisies et également 1,5kg d’héroïne (le gramme se vend entre 200.000 ar 1.000.000 ar) ; 10 kg d’hippocampes saisis ; des devises ; des produits miniers. La liste est longue si on parle de résultat mais je peux vous affirmer que 2015 a été une année de réussite pour la PAF. Nous continuerons nos efforts en nous axant sur la culture de résultats et de l’excellence selon les retours d’expériences de l’année 2015.
recueillis par D.R