
Le week-end dernier, un reboisement a été effectué chez les Mikea et leur environnement menacé, dans la Commune Analamisampy, district de Toliara II, par une équipe du Ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD) conduite par le ministre, Alexandre Georget, lui-même.
4000 plants dont 300 arbres fruitiers ont servi au reboisement, ainsi que 1500 « reniala » ou baobabs, 500 varo, 500 laro et 1500 karabo. Par rapport aux menaces de destruction et d’extinction qui pèsent sur cette forêt et ses habitants « singuliers »- et tenant une place importante dans le patrimoine culturel et la société malgache- ce reboisement trouve une pertinence certaine. En effet, conserver l’habitat des Mikea revient à les protéger et les aider à préserver, mais aussi valoriser leur mode de vie, qui, à y regarder de plus près, n’est pas antinomique à la préservation de l’environnement. En effet de par leurs savoirs ancestraux et indigènes, notamment leur façon de gérer rationnellement les ressources en eau, les Mikea ont su développer séculairement des modes de vie en accord, voire en harmonie avec leur environnement, donc dans une démarche constante de compréhension et de respect de la nature. Privilégiant la cueillette, le troc ; et la vie préservée des effets pervers de la civilisation, les Mikea ont depuis longtemps fasciné les anthropologues et sociologues locaux, nationaux, comme internationaux.
Fascinations. Tout comme les étrangers, les nationaux sont également fascinés par les Mikea et leur mode de vie singulier, en retrait de la civilisation et pourtant doublé d’une sociabilité effective. En effet, même s’ils préfèrent vivre de et dans la forêt, les Mikea ne sont nullement asociaux, ni sauvages, ils entretiennent des liens sociaux forts, avec leurs voisins les plus proches, comme les Masikoro, ou encore les Vezo, avec lesquels d’ailleurs ils ont souvent des liens de parenté, à part les liens « commerciaux » basés sur le troc qu’ils entretiennent. Cependant, bien qu’il les préserve de tous les effets pervers de la civilisation, leur mode de vie a aussi ses revers. Il s’agit notamment du manque d’accès aux soins et de l’insuffisance d’infrastructures sanitaires, comme éducatives. Ce qui les rend plus vulnérables aux épidémies, plus que d’autres communautés du Grand Sud, déjà mal loties et pourtant vivant sur un territoire si riche. Parce que leur vie et leur survie ont toujours été intrinsèquement liées à la forêt et à la nature qu’ils ont su respecter, leur qualité de vie se retrouve actuellement menacée par la déforestation massive et la destruction de leur habitat et de l’écosystème naturel dont ils font partie. Toutefois, les Mikea fascinent également par leur attachement à leurs valeurs culturelles et la tenacité avec laquelle ils ont su les honorer et les préserver depuis des temps ancestraux. Une caractéristique culturelle qu’ils partagent avec la majorité des tribus du Grand Sud d’ailleurs, des Vezo aux Tandroy, en passant par les Masikoro et les Mahafale.
Descentes et rencontre. Le ministre a aussi pu échanger avec les Mikea, sur la perception qu’ils ont des menaces et transformations qui pèsent sur leur environnement et leur habitat, notamment la déforestation massive, alors que leur vie est viscéralement liée à celle-ci. La délégation du MEDD a par ailleurs profité de cette descente dans le Sud-ouest de l’île pour effectuer d’autres visites sur des terrains relatifs à la conservation et à la protection de l’environnement. Ainsi, les tortues de Mangily ont reçu une visite du ministre, notons que les celles-ci sont autant préservées par les tabous que menacées par le trafic illicite dans le Sud. Dans un autre volet, celui du traitement des déchets et de l’assainissement, le ministre a également visité la structure de recyclage des déchets de Belalanda. Par ailleurs, en termes de trafic illicite et un peu plus au nord de Toliara, à Morondava, 43 rondins de palissandre selon le MEDD vraisemblablement destinés au trafic ont été saisis par ce ministère. S’en suivirent quatre arrestations, motivées notamment par la note du 7 décembre sortie par le MEDD interdisant toute exploitation d’arbres rares et précieux dans le Menabe ; et ailleurs sur l’île. Reste à savoir, si ces quatre personnes impliquées sont seulement coupables et des boucs-émissaires, ou des véritables commanditaires. D’après des informations récoltées sur place à la mi-février, l’exploitation illicite d’arbres rares et précieux, ou encore les arbres des mangroves est constituée par un réseau bien ficelé, du haut en bas de l’échelle.
Recueillis par Luz Razafimbelo