Jean Louis Robinson et Hery Rajaonarimampianina seront-ils confirmés pour le second tour de l’élection présidentielle ? La Cour Electorale Spéciale met fin aujourd’hui au suspense qui a entouré les résultats en proclamant ceux définitifs du premier tour. Elle donnera auparavant son avis sur toutes les requêtes reçues concernant les lacunes, les anomalies et les fraudes du jour de scrutin. Celles demandant l’annulation du scrutin ou la disqualification d’un candidat n’ont pas obtenu gain de cause. Elles ont été déclarées irrecevables ou ont été rejetées. D’autres requêtes réservent des surprises. Elles ne manqueront pas d’apporter du changement aux scores réalisés par les 33 candidats de la course présidentielle.
Concentrés sur deux candidats
Une chose est sûre, les résultats provisoires ont montré que les électeurs sont divisés en camps. Ils sont venus voter pour le candidat de leur choix. Soit Jean Louis Robinson, soit Hery Rajaonarimampianina, candidats qui sont les plus représentatifs des deux camps politiques antagonistes. Le taux de participation élevé, plus de 60% sur le territoire national est loin de refléter le « ni Ravalomanana, ni Andry Rajoelina », une perception qui a prévalu au niveau de la classe politique et qui a été grandement soutenu par l’international. Bien au contraire, les résultats ont démontré que les voix sont concentrées sur deux candidats. Les électeurs ont voté pour l’un ou pour l’autre ne voulant pas rejeter les deux. Certes, les abstentions représentent une certaine proportion mais n’est pas assez importante pour confirmer une conviction envers le « ni…, ni… ». Il apparaît bien plus clair aux yeux des observateurs que les électeurs donnent préférence à des solutions moins exclusifs et moins extrêmes pour sortir de la crise. Ce n’est pas le « ni…, ni… » mais plutôt l’envie de réconciliation nationale qui a motivé les électeurs. Aussi le public ne verra-t-il pas du mauvais œil un partage du pouvoir entre les deux camps après les élections. L’hypothèse d’une cohabitation n’est pas à écarter après les législatives si le candidat qui gagne la présidentielle n’obtiendra pas la majorité à l’Assemblée nationale. Des alliances politiques s’opèrent en ce moment pour se disputer cette majorité essentielle qui ouvre les portes de Mahazoarivo.
Mais si le processus électoral se passe plus ou moins normalement et dans le calme, le public se méfie de la militarisation des présidences des régions à un mois du second tour de l’élection présidentielle. Il y voit moins un renforcement de la sécurité qu’une menace pour la démocratie. Il est vrai que les bruits de bottes en pleine période électorale ne peuvent qu’éveiller des soupçons. Conquérir le pouvoir ne passe pas forcément par les élections.
Zo Rakotoseheno