Les pays partenaires ont un penchant concernant l’initiative de « concertation nationale » qui anime actuellement le microcosme politique. Lors de sa première rencontre avec la presse, jeudi dernier, Isabelle Delattre a affirmé que « nous encourageons toujours les plateformes de dialogue ». La nouvelle ambassadrice de l’Union européenne à Madagascar n’est pas passée par quatre chemins pour déclarer son soutien au « dialogue » ou à la « concertation » selon le jargon en vogue. « C’est un gage de démocratie », poursuit-elle. La diplomate s’incline, en effet, en faveur de l’initiative qui peut garantir également, à ses yeux, un « fonctionnement paisible du processus électoral ». Dans ce cadre, Isabelle Delattre a rappelé les recommandations de la mission de suivi électoral de l’Union européenne pour affirmer que du travail reste toujours à faire pour améliorer le processus en cours. Et « en tant que partenaire, on donne des conseils, des recommandations de manière à ce que les choses se passent bien, à ce que le scrutin se passe conformément » a, quant à lui, déclaré, mardi dernier, Christophe Bouchard, ancien ambassadeur de France qui vient de quitter le pays avant-hier.
Rejet. L’ambassadrice vise dans sa démarche la crédibilité du processus électoral et soutient qu’un « fonctionnement paritaire est toujours gage d’un fonctionnement paisible du processus ». Mais du côté du régime on n’entend pas les choses de la même manière et les partisans du pouvoir ne comptent pas adhérer à la démarche de « concertation » qui fait mouche dans les chancelleries et dans les camps des opposants. Lors de la table ronde avec le gouvernement, le président de la République a répliqué sur le sujet en affirmant que « Madagascar n’est pas un pays en crise ». Une manière pour le chef de l’Etat d’écarter l’idée d’un rapprochement avec le camp d’en face ou d’un « dialogue formel » avec ses opposants. Ses partisans enchaînent les rencontres avec la presse pour torpiller cette initiative. Récemment, le parti Hiaraka Isika de Camille Vital a soutenu que cette « concertation est loin d’être une priorité actuellement ». Le rejet est formel. Ce refus d’adhésion handicape ce processus qui peine à décoller. Un culte dédié a été boycotté, samedi dernier, par les partisans du président de la République.
Opposants. Les partisans de l’initiative, en revanche, multiplient les rencontres pour fournir de la matière à cette idée qui a été boostée par l’appel du conseil œcuménique des églises chrétiennes. Cette organisation religieuse, qui regroupe les églises les plus influentes du pays, notamment l’Église catholique romaine, la Fjkm, les luthériens et l’Église anglicane, a appelé les différents acteurs politiques à « se concerter ». L’objectif pour le FFKM est de « résoudre d’une manière concertée les maux qui minent le pays actuellement ». Insécurité, vindicte populaire, respects des droits humains, crise économique, sont les sujets qui préoccupent le conseil. Les partis Tiako i Madagasikara et Hery Vaovao ho an’i Madagasikara, principaux partis de l’opposition, applaudissent l’implication du FFKM dans cette démarche.
Rija R.