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dimanche, décembre 22, 2024
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Conférence de Doha : « La jeunesse, la technologie et les défis climatiques », propose Noromanana Lalaharivony

A J-6 de la cinquième conférence des Nations-Unies sur les Pays les Moins Avancés (UN-LDC5), les experts avancent certains points dont les représentants de Madagascar à ce sommet devraient parler. Noromanana Lalaharivony, notre représentante à la conférence d’Istanbul (UN-LDC4), a aussi ses propositions pour tirer profit de la conférence.

Midi Madagasikara (M.M) : Depuis la conférence d’Istanbul et son plan d’action, Madagascar a-t-elle régressée ou progressée ? 

Noromanana Lalaharivony (N.L) : On ne peut pas généraliser sur la régression ou le progrès pour le cas de Madagascar si l’on se réfère au plan d’action d’Istanbul. Certaines choses ont bougé. En matière de droits humains, des efforts ont été entrepris en matière de formation, de diffusion des droits humains. Depuis, des ratifications d’instruments juridiques ont été réalisées (exemple : convention contre la discrimination envers les personnes en situation de handicap), des politiques nationales (politique nationale contre la traite de personnes…) ont été mises en œuvre. La promotion des droits des femmes a connu une avancée, notamment en matière de la lutte contre la violence basée sur le genre. L’on ne peut que féliciter l’engagement personnel de l’épouse du chef d’Etat dans cette cause par exemple. Le rôle de la société civile tend à être reconnu. Elle commence à être davantage considérée comme un partenaire de développement à part entière. La société civile commence à être entendue, à faire bousculer des réflexions, à être plus visibles pour dénoncer les injustices. Mais des efforts restent à déployer en matière de bonne gouvernance, de coordination, de prise en considération de la voix de la communauté en matière de politique de développement. Le gouvernement a alloué des fonds à la construction d’infrastructures scolaires et médico-hospitalières, mais il devrait y ajouter les ressources humaines et formations, une meilleure gestion des fonds. Notre pays fait face à des crises alimentaires et énergétiques sans issues claires. Enfin, Madagascar a vu une exploitation abusive de ses ressources naturelles, minières, halieutiques au détriment de la population locale au cours de ces dernières années. LDC 4 prône un changement de paradigme, notamment en matière de plan de développement, mais à mon sens, très peu de modifications sont visibles en matière de pratiques de prêt et de l’emprunt depuis.

M.M : Quelles devraient être les thématiques discutées pour Madagascar dans le cadre de LDC5 ?

N.L : On fait face à de nouveaux défis, notamment climatiques et technologiques. L’on sait que Madagascar est la cible d’intempéries et de cataclysmes naturels, et ne connaît pas encore de forte résilience, il est donc impératif de tenir compte de ce sujet. Pour sortir des PMA, il faut absolument parler de la thématique de l’exploitation des ressources au profit des communautés et le partage équitable des ressources. Pour que Madagascar ne soit pas seulement la cible d’exploitation abusive, et que sa population ne devienne de plus en plus vulnérable (santé, économie), il faut absolument en parler au niveau international. Sur ce sujet, si les autorités étatiques sont convaincues de leur rôle dans d’exploitation des ressources, elles doivent jouer le rôle de « balise », facilitateur auprès du secteur privé, tout en préservant l’intérêt de la communauté et de l’économie du pays. Même si cette thématique a été déjà discutée au cours de récent forum, la question de la souveraineté alimentaire doit être, une fois de plus, mise sur le tapis. Certaines décisions gouvernementales et certains partenariats ne cadrent pas dans la vision d’un monde sans PMA. C’est pourquoi, il faut en parler. Je réitère qu’il faut absolument mettre au cœur de toute politique de développement la communauté.  Par exemple en matière d’agriculture, l’emploi massif d’engrais chimiques est-il une bonne décision pour la promotion de pratiques agricoles viables, socialement acceptées et écologiquement durables ? 

M.M : De quelle manière le pays peut-il tirer profit de cette conférence ?

N.L : Chaque conférence est une opportunité pour faire entendre les voix des PMA comme la nôtre. Madagascar peut tirer profit de ce genre de rencontre en plaidant pour l’annulation des dettes, pour l’engagement soutenu des pays développés en matière d’aides adéquates, selon les besoins du pays mais pas l’inverse, pour une réforme des règles commerciales quelquefois abusives. La société civile peut témoigner des difficultés de terrain pour mieux orienter les plans d’action à venir, et espérer un plan d’action qui répond réellement à la réalité du pays. Souvent les plans d’action, les politiques de développement, dont les PMA sont censés bénéficier, ne tiennent pas compte des réalités du terrain. Pour mieux tirer profit de LDC5, il faut insister sur les avancés pas très spectaculaires en matière de développement au cours de la dernière décennie, parler des besoins des jeunes, des réalités du terrain, des pratiques qui tendent à un endettement, les conséquences des crises climatiques. Tout ceci pour mieux souligner pourquoi la vulnérabilité grandit. En principe (et je sais que ce n’est pas la priorité actuelle), il faut passer par un processus inclusif de consultations locales afin de comprendre les inquiétudes des sociétés. Pour LDC5, même si la question technologique a impacté considérablement le contexte de développement, le débat ne devrait pas s’enliser seulement sur l’engagement en matière technologique mais sur les sujets déjà évoqués dix ans passés qui ne sont pas encore résolues à l’heure actuelle (la vulnérabilité, l’exploitation des ressources naturelles, le développement humain, nouvelles formes de financement souverain et responsables). Les membres de la société civile réunis dans le cadre de LDC4 Istanbul ont manifesté une certaine déconvenue face au manque d’engagement de la communauté internationale. Ce fut pourtant une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU qui exhortent les gouvernements à « Engager la communauté internationale à renforcer son appui et son action en faveur des pays les moins avancés et, à cet égard, à élaborer et adopter un partenariat renouvelé entre les pays les moins avancés et leurs partenaires de développement » (la résolution A/RES/63/227). La situation des PMA ne s’est pas améliorée, il est normal de s’attendre à un engagement des pays développés, à l’issue de LDC5 pour que la LDC5 ne soit pas une autre conférence comme tant d’autres. L’engagement ne se base pas seulement sur un effacement de la dette, ou l’augmentation des aides, il doit porter sur un partenariat, reconnaissant la valeur des PMA. 

Propos recueillis par Didi R.

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