Ce sont deux grands spécialistes de l’histoire de l’esclavage, Célestin Razafimbelo et Sylvain Urfer qui vont animer un débat autour de ce thème à partir de l’ouvrage écrit par le second en compagnie d’Ignace Rakoto, un éminent universitaire, enseignant-chercheur. Le rendez-vous qu’il nous propose est fixé ce samedi à 10h à l’IFM.
Le poids de l’esclavage pèse toujours sur les consciences malgaches. Prenant pour exemple la région de Moramanga, Célestin Razafimbelo explique pourquoi ce sentiment et cette question persistent avec une extrême acuité en dépit du concept de fihavanana.
Sylvain Urfer s’attache à montrer que les formes de l’esclavage moderne, les plus subtiles mais les plus lourdes de conséquences, s’enracinent dans les coutumes du passé et s’interroge sur les voies possibles de libération de ces servitudes socio-culturelles.
L’ouvrage « Esclavage et libération à Madagascar ». Visant à aider les descendants d’anciens maîtres comme ceux d’anciens esclaves à assumer les réalités de l’histoire, l’ouvrage incite aussi les responsables des servitudes actuelles et leurs victimes à s’affranchir du non-dit et à améliorer les conditions de vie de tous.
La première partie évoque l’histoire de l’esclavage à Madagascar pendant le XIXe siècle, et les effets de la traite jusque dans l’« île éparse » de Tromelin. Elle rappelle le rôle du christianisme depuis son origine et sur tous les continents, et celui de l’Église catholique dans la Grande Île qui, sous l’impulsion du premier évêque d’Antananarivo, avait choisi de racheter les esclaves pour les libérer.
La deuxième partie parle de « l’esclavage moderne » qui désigne notamment les conditions de vie inhumaines infligées aux enfants, aux femmes et aux travailleurs. S’y ajoutent les exigences de la tradition et des coutumes qui, toujours vivaces, peuvent être assimilées à une nouvelle forme d’esclavage.
La troisième partie de l’ouvrage propose de trouver « les chemins de la libération ». Pour surmonter son passé douloureux, la société malgache dans toutes ses composantes, devra sortir de son silence, se juger avec lucidité et agir sans crainte. Ainsi la libération physique et juridique pourra-t-elle s’épanouir en libération intégrale de l’être humain, qui est à la fois personne et société.
Recueillis par Patrice RABE