La malnutrition chronique frappe déjà près de la moitié des enfants malgaches de moins de cinq ans, à cause de la pauvreté. Selon la FAO, cette partie de la population malnutrie est plus vulnérable à la pandémie de coronavirus.
Une alimentation saine pourrait être déterminante dans la lutte contre le COVID-19. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) l’a soutenu dans un communiqué diffusé ce 3 avril. « Une bonne nutrition est très importante avant, pendant et après une infection. Les infections font des ravages sur le corps, surtout lorsque celles-ci provoquent de la fièvre, le corps a besoin d’énergie et de nutriments supplémentaires. Par conséquent, le maintien d’une alimentation saine est très important durant la pandémie de coronavirus. Bien qu’aucun aliment ou complément alimentaire ne puisse prévenir l’infection au COVID-19, le maintien d’une alimentation saine est un élément important pour soutenir un système immunitaire fort », a expliqué la FAO. Malheureusement, cette alimentation saine est un luxe pour la population malgache, qui a déjà du mal à se nourrir en temps normal.
Effets multiples. Certes, le niveau de revenu faible favorise la malnutrition chronique sur les Hauts Plateaux de Madagascar, et cela accentue également la malnutrition aigüe dans le sud. Les données de la Banque mondiale indiquent que moins d’un malgache sur dix dispose d’un revenu journalier de plus de 2 dollars US. La situation s’empire, depuis deux semaines, avec les mesures de confinement qui ralentissent les activités économiques, dont la plupart sont déjà guidées par la subsistance. Bref, d’un côté, la FAO soutient que l’aggravation de la malnutrition à Madagascar est défavorable à la lutte contre le coronavirus. D’un autre côté, les mesures de confinement constituent les meilleurs moyens évoqués pour éviter la propagation à grande échelle de la pandémie du COVID-19 dans un pays. En effet, l’arbitrage est difficile pour les décideurs, qui doivent désormais miser sur les mesures les moins lourdes de conséquences.
Choix difficile. D’après les témoignages que nous avons recueillis, la crise économique, générée par les deux semaines de confinement, se fait déjà sentir dans les zones périphériques à Antananarivo. D’après les paysans, qui vivent au jour le jour dans une économie de subsistance, leur vie est encore plus dure depuis la mise application des mesures de confinement partiel à Antananarivo. A cause d’un effet « boule de neige », le ralentissement de l’économie urbaine a des conséquences considérables sur l’économie rurale. Questionnés sur l’utilité du confinement, les paysans estiment pourtant qu’il s’agit d’une bonne décision, si cela peut aider à éviter la propagation à grande échelle de la pandémie. Comme le dit le proverbe italien, « celui qui a la santé est riche sans le savoir ».
Antsa R.