Toutes les conditions ne sont pas encore remplies pour l’émergence d’un secteur privé fort, capable d’apporter une grande part dans le développement économique du pays
Le Groupement des Entreprises de Madagascar GEM a tenu hier au Radisson Blu, son Assemblée Générale annuelle. Une occasion pour ce groupement de plancher, notamment, sur le bilan de l’année 2022 mais aussi de se projeter sur les perspectives 2023.
Fragile
Une perspective plutôt sombre à en croire Thierry Rajaona, le président du GEM qui dans une interview qu’il a accordée aux journalistes a parlé d’une croissance économique encore fragile qui prévaut à Madagascar. « Les statistiques parlent d’un taux de croissance économique de 4,2% et qui pourrait encore être révisé à 3,2%, ce qui est encore très bas surtout quand on sait que la croissance démographique dépasse les 3% », a-t-il expliqué. Une manière de faire entendre que le pays, avec ses énormes ressources, mérite mieux que cela. « On peut atteindre un taux de croissance de plus de 10% sur plusieurs années comme l’ont fait certains pays comme la Chine, la Malaisie, le Rwanda, l’Ethiopie », avance Thierry Rajaona qui milite par ailleurs pour un développement plus harmonieux du secteur privé pour atteindre ce taux de croissance à deux chiffres.
Blocage
Malheureusement et d’après toujours le président du GEM les conditions ne sont pas encore remplies pour un secteur privé fort et capable d’investir à Madagascar. « On veut un cadre qui encourage l’investissement, or dans le contexte actuel le secteur privé investit moins », a-t-il indiqué en précisant que la part du secteur du privé dans le PIB a considérablement baissé ces 5 derniers mois en passant de 14% à 8%. Parmi les facteurs de blocage du développement du secteur privé évoqué par le GEM figure en premier lieu l’insuffisance en énergie. « On veut de l’énergie mais il n’y en a pas assez », reconnaît le président du GEM en citant notamment le projet hydroélectrique Sahofika qui, 7 ans après son annonce, n’est toujours pas effectif. « Où est la volonté politique », se demande-t-il.
Harcèlement
Le GEM évoque, par ailleurs, les problèmes d’ordre fiscal comme étant une autre origine des maux du secteur privé. « Madagascar dispose d’un cadre fiscale parmi les meilleurs en Afrique, mais le problème réside au niveau de l’application de ce cadre fiscal », soutient-il en dénonçant au passage « le harcèlement fiscal enduré par le secteur privé». En somme, l’environnement n’est pas encore favorable à une expansion du secteur privé. Un environnement alourdi par un contexte électoral qui n’est nécessairement pas favorable aux investissements locaux et surtout internationaux. « La période électorale a toujours des impacts négatifs car les investisseurs préfèrent attendre avant de décider d’investir.» Bref, l’année risque d’être encore difficile pour le secteur privé qui pèse de tout son poids sur l’échiquier. On sait par exemple que le GEM à lui seul représente, selon son président, 80% des recettes fiscales.
R.Edmond.