Après la débâcle des principaux partis d’opposition lors des récentes élections municipales et communales du 11 décembre 2023, la scène politique se trouve marquée par un climat de tension et de remise en question.
L’opposition, déjà fragilisée après la défaite aux élections présidentielles de 2023, semble chercher un nouveau souffle pour cette nouvelle année, face à des défis internes et à une opposition de plus en plus difficile à structurer. Depuis l’élection présidentielle de 2023, l’opposition n’a pas réussi à imposer une ligne unifiée. En effet, le boycott de ce scrutin, soutenu par une grande partie des partis d’opposition, n’a pas fait l’unanimité et a exacerbé les fractures internes. L’aile menée par Siteny Randrianasoloniaiko, avec son mouvement Mihava Tour, a choisi de participer à la campagne pour défier l’actuel président de la République dans les urnes. Cette décision a non seulement fait naître des dissensions au sein de la grande coalition de l’opposition, mais elle a également fragilisé son image face à la détermination du pouvoir en place, qui a tout mis en œuvre pour organiser les élections de décembre 2023. Malgré ces divergences stratégiques, l’opposition s’est néanmoins engagée à faire front lors des législatives de mai 2024. Cependant, cette unité de façade semble de plus en plus difficile à maintenir.
Coalition fracturée
En effet, la dynamique de l’opposition a été encore davantage bouleversée lors des élections législatives de mai 2024. Les figures emblématiques de l’opposition, telles que Marc Ravalomanana, Hery Rajaonarimampianina, Roland Ratsiraka et Hajo Andrianainarivelo, qui étaient proches dans les mois précédant ce scrutin, se sont séparées dans un éclatement de la coalition. Chaque leader a désormais choisi de présenter ses propres candidats députés, avec des programmes et des stratégies distincts. Le Tiako i Madagasikara (TIM), le parti de Marc Ravalomanana, a cherché à affirmer sa différence en parvenant à tenir tête au camp présidentiel dans la capitale. Cependant, d’autres partis, comme le HVM de Hery Rajaonarimampianina, le MMM de Hajo Andrianainarivelo, et le Tia Tanindrazana de Tahiana Razafinjoelina, ont essuyé des défaites cuisantes dans leurs circonscriptions respectives. Une nouvelle déroute pour l’opposition lors de ces législatives de mai 2024 qui a du mal à trouver des bases solides pour son combat politique. La grande coalition de 2023 est de nouveau fracturée.
Faction
Les élections municipales et communales du 11 décembre dernier ont exacerbé la crise interne au sein de l’opposition, mettant en lumière les rivalités et les tensions qui minent ses rangs. À Antananarivo, le duel entre Tojo Ravalomanana, issu du TIM, et Tahiana Razafinjoelina, anciennement proche du parti, a occupé une place centrale. Les attaques entre les deux camps ont rythmé la campagne, chaque faction cherchant à affirmer son poids dans la capitale. Mais malgré cette lutte acharnée, les deux opposants ont été défaits par la candidate du parti présidentiel, Harilala Ramanantsoa, qui a remporté la capitale. Selon les résultats provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), cette défaite a consolidé l’idée que l’opposition peine à se réorganiser et à se ressouder autour d’un projet commun. La fracture est évidente et la lutte entre factions rend toute forme d’unité improbable à court terme.
Assise politique
L’une des grandes préoccupations de l’opposition aujourd’hui reste la difficulté à proposer une alternative crédible au régime actuel. Les désaccords internes, les fractures entre partis et les rivalités personnelles entre certains leaders offrent un terrain propice à l’installation de la majorité présidentielle, qui bénéficie d’un large soutien institutionnel et médiatique. L’opposition semble de plus en plus minée par des dissensions internes qui l’empêchent de se structurer de manière efficace et de proposer une réelle contre-offensive face à l’action du gouvernement. Alors que 2025 s’annonce comme une nouvelle année électorale avec les sénatoriales, l’opposition, divisée et affaiblie, devra sans doute repenser sa stratégie. Mais pour cela, un véritable travail de rassemblement sera nécessaire, afin de dépasser les querelles internes et de constituer une alternative crédible face à un pouvoir toujours aussi solide dans son assise politique.
Rija R.