
Le dernier Conseil des ministres, tenu lundi 22 décembre au palais d’État d’Iavoloha, a frappé fort. Très fort. Pas moins de 128 nouvelles nominations ont été actées.
Un véritable mercato politique, où les retours d’anciens cadres et les promotions stratégiques s’enchaînent à un rythme soutenu. Lundi 22 décembre, le Conseil des ministres a lancé une véritable offensive avec 128 nouvelles nominations actées en une seule séance. Une vague massive, rythmée, presque fulgurante, qui marque un tournant dans la mise en place de l’architecture du pouvoir. La machine étatique est relancée, les lignes bougent, les anciens reviennent et les postes clés trouvent alors preneur. En première ligne, la Présidence de la Refondation de la République affine progressivement son dispositif.
Comme dans une équipe en reconstruction, les anciens cadres sont rappelés. Onitiana Realy, ancienne ministre de la Population sous la présidence de Hery Rajaonarimampianina, effectue un retour remarqué. Elle est nommée directeur du cabinet civil, un poste stratégique, au cœur de la coordination présidentielle. Dans la même dynamique, Harry Laurent Rahajason, plus connu sous le nom de Rolly Mercia, ancien ministre de la Communication, toujours sous Hery Rajaonarimampianina, prend les rênes de la direction de la Communication de la Présidence. Un poste clé, chargé de maîtriser le tempo et le message du régime. Autre recrue, Auguste Marius Arnaud, ancien président du Syndicat des magistrats, désormais directeur des Projets à la Présidence.
Stratégique
À mesure que ces pièces s’imbriquent, l’équipe présidentielle commence à afficher une ossature claire. La nouvelle équipe se dessine, et la Refondation cherche visiblement à gagner en cohérence et en efficacité. Sur un autre terrain, celui de l’administration territoriale et des établissements publics, le jeu est tout aussi intense. Clémence Raharinirina, élue conseillère municipale à la Commune urbaine d’Antananarivo, est propulsée cheffe de région par intérim d’Analamanga. Elle succède à Hery Rasoamaromaka, totalement absent du paysage politique depuis la chute d’Andry Rajoelina. Un changement de relais qui ne passe pas inaperçu, tant Analamanga reste une région stratégique, à fort enjeu politique et économique. Un autre mouvement notable : le cas d’Alban Rakotoarisoa, dit Babà, président du parti Antoko politika madio, qui est nommé directeur général de l’Aviation civile de Madagascar. Une prise de poste sensible, dans un secteur technique et hautement stratégique qui requiert compétences et expériences.
Ces deux figures du conseil municipal de la commune urbaine d’Antananarivo rejoignent ainsi Lily Rafaralahy, actuelle ministre du Tourisme, dans les rangs du régime en place. Un trio qui n’est pas inconnu du public. Clémence Raharinirina, Alban Rakotoarisoa et Lily Rafaralahy avaient, ensemble, déclenché la grève du 25 septembre dernier, un épisode marquant du climat sociopolitique récent. Pour certains observateurs, ces nominations ont valeur de contrepartie politique, une reconnaissance, voire une récompense pour leur positionnement et leur engagement passés. D’autres y voient une stratégie d’intégration visant à élargir la base de soutien du régime.
Reprise en main
La vague se prolonge dans les régions. Outre Analamanga, cinq autres chefs de région par intérim ont été nommés. Nathalie Ravaonirina prend la tête du Vakinankaratra, Bertrand Randriamanarivo est affecté à Anosy, Irénée Djaosera à Sofia, Djiby Jean Berthinot Raharijaona à Androy et Tsiverihasy Tialy Ramilavonjy à Ihorombe. Un renouvellement territorial massif, qui ressemble à une reprise en main, avec pour objectif affiché d’aligner les régions sur la nouvelle dynamique gouvernementale.
Même cadence du côté du ministère en charge de la Refondation, dirigé par Hanitra Razafimanantsoa. Plusieurs postes techniques et stratégiques trouvent preneur. Entre autres, Jean Laurent Rakotoson est nommé directeur général des Encadrements stratégiques et opérationnels, Vonimalala Ony Randriamisata devient directrice des affaires juridiques, tandis que Princy Ba-Hou Ratovonkery prend la direction des ressources humaines.
Ces nominations traduisent la volonté de renforcer l’ossature administrative du nouveau ministère, véritable tour de contrôle du processus de refondation institutionnelle. Au total, le chiffre est sans appel, avec 128 nominations entérinées en une seule réunion. Le pouvoir accélère, change de rythme et redistribue les cartes. Reste à savoir si cette équipe remaniée saura transformer l’essai sur la durée.
Rija R.



