Décidément, le Comité du « Fampihavanana Malagasy » (CFM) aura du pain sur la planche dans l’accomplissement de sa mission herculéenne : mener le processus de réconciliation nationale, nonobstant le fait que des critiques et un ultimatum des ex –détenus politiques l’attendent.
Les 33 membres de cette institution ont prêté serment dans la journée d’hier mais n’ayant pas encore esquissé leurs travaux, certains affichent d’ores et déjà leur scepticisme. Zakariasy Patrick, un Tangalamena de renom, trouve que la logique doit être mise en avant pour que ce processus aboutisse. « Pour réorganiser le pays tout entier, il faut éviter l’excès de zèle. Il faut plutôt suivre le cadre logique y afférent », explique-t-il.
Humilité. Dans cette optique, perplexe est-il par rapport, en amont, à la composition du CFM et, en aval, à la réussite même du processus de réconciliation nationale. « Les personnes qui composent le CFM sont des personnes qui ont des qualités exorbitantes. D’un côté, la réconciliation nationale pourrait connaitre un aboutissement positif compte tenu de cela. Mais d’un autre côté, il y a des personnalités autoritaires. Je me demande si la dotation de compétences pareilles ou le fait d’être autoritaire ne biaiseront en rien l’humilité dont ils devraient faire preuve », poursuit le Tangalamena.
Crise postélectorale. Par ailleurs, Zakariasy Patrick estime que partir de l’histoire est un préalable pour le processus de réconciliation nationale car cela permet d’éviter la naissance de nouvelles crises postélectorales, séquelles des précédentes. En plus de cela, certains membres du CFM ont été, par le passé, des figurants des différentes crises. « Nous ne sommes pas sans savoir que dans le CFM, il y a ceux qui faisaient partie des mouvances lors des crises successives. Il y a aussi des militaires qui y ont une grande part de responsabilités. Je me demande alors si c’est exprès ou ce sont vraiment les méritants au poste de réconciliateurs ?», s’interroge Zakariasy Patrick.
Ultimatum. Mais une fois que les membres du CFM aient pris leurs fonctions, ils feront face à la revendication des ex-détenus politiques. En effet, ces derniers revendiquent leur dédommagement découlant de leur emprisonnement. « Il y a des textes en vigueur par rapport à cela mais dirait-on que l’Etat ne s’y soumet pas », explique Rakotomalala Henri dit Riri be, avant de poursuivre que
« nous accordons, à partir d’aujourd’hui (ndlr : hier), jusqu’au mois de Juin 2018, aux autorités étatiques et au CFM de régler ces réparations et ces dédommagements ».
Aina Bovel