Samedi dernier, le président de la République – et non moins président du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) – a reçu les nouveaux membres de cet organe au Palais d’Etat d’Iavoloha. Lors de la rencontre, Hery Rajaonarimampianina a incité les magistrats à « prendre leurs responsabilités » pour que l’indépendance de la Justice ainsi que l’Etat de droit soient respectés. « Il est difficile de juger les affaires publiques (…). Il faut maintenant oser, faire preuve de courage et de patriotisme. Notre pays en a grandement besoin », a-t-il soutenu. Oser juger et mettre les « intouchables » impliqués dans les affaires magouilleuses, derrière les barreaux pour commencer. De surcroît, nombreuses d’entre elles ne sont toujours pas élucidées telles que les divers trafics de bois précieux, les affaires Nadine Ramaroson et Claudine Razaimamonjy et la liste est non-exhaustive. Ou encore, atténuer les pratiques corruptives qui, ces dernières années, sont associées à l’identité de la Magistrature malgache.
Désengagement. « Vous devez mettre en commun vos avantages en tant que représentants de tous les magistrats de Madagascar afin d’éviter les troubles. Vous devez aussi améliorer les conditions de travail, afin de contribuer à renforcer la sécurité et la sérénité dans le pays. Vous devez faire respecter la Loi, après de mûres réflexions, dans ses justes valeurs et dans la vérité, malgré la liberté inhérente à tout un chacun pour les idées », a-t-il indiqué. Mais pour un magistrat, membre du CSM, « ce message de Hery Rajaonarimampianina n’est autre qu’un prétexte pour se désengager de ses propres responsabilités. Comment pourrions-nous avoir les moyens d’améliorer les conditions de travail des magistrats et de renforcer la sécurité et la sérénité dans le pays ? », s’interroge-t-il. Par rapport à la présidence du CSM, notre source nous indique que durant la rencontre, « Hery Rajaonarimampianina campe sur ses positions et veut rester à la tête de cet organe ». Pourtant, un secret de polichinelle qui plus est, c’est cette double casquette du président de la République en même temps le président du CSM attribuée par la Constitution qui trahit le principe de la séparation des pouvoirs. Un principe inhérent à l’Etat de droit que vient de rappeler Hery Rajaonarimampianina.
Aina Bovel