Jour J-5 pour le port obligatoire de cache-bouche sous peine de TIG pour tout contrevenant.
Lors de son allocution de dimanche dernier, le président de la République a prévenu que tous ceux qui ne porteront pas de cache-bouche à compter du 27 avril seront astreints à des travaux d’intérêt général (TIG). Comme leur nom l’indique, les TIG consistent à accomplir un travail constructif au sein de la société. « Des travaux de jardinage, de balayage ou de nettoyage des marchés », selon le locataire d’Iavoloha. Mais quelle est l’autorité qui va prononcer ces sanctions ?
Tsikafona. La réponse à ce questionnement vient de l’arrêté du Préfet de Police de la Ville d’Antananarivo signifiant implicitement qu’il s’agit d’une mesure administrative. Ce qui n’est pas sans rappeler les sanctions prises à l’encontre des citoyens qui ne payaient pas le « hetra isan-dahy » institué par Galliéni durant la période coloniale avant d’être aboli par la suite sous la Première République. Les hommes de 16 à 60 ans qui ne s’acquittaient pas de cet impôt per capita étaient astreints à un travail obligatoire et non rémunéré qui consistait entre autres et non des moindres à enlever les jacinthes d’eau du lac de Behoririka. Une contrainte physique et morale qui provoquait la grogne des contribuables concernés, à tel point que le tombeau d’un maire de la capitale a été recouvert de « tsikafona » la nuit suivant son enterrement.
Peine alternative. Sur le plan pénal, les TIG constituent aussi une peine alternative à l’emprisonnement. Un projet de loi allant dans ce sens a été élaboré en 2017 et présenté à Genève dans le quatrième rapport périodique de Madagascar concernant les mesures prises par le pays pour donner effet aux dispositions du Pacte International relatif aux droits civiles et politiques. L’objectif de pareille peine alternative était de réduire la surpopulation carcérale qui n’a cessé de croître à cause de la multiplication des détentions préventives. Contrairement à la règle, le mandat de dépôt était devenu la règle et la liberté provisoire l’exception. Pour ne citer que l’affaire de la journaliste Arphine Rahelisoa qui aurait pu être, à la limite, astreinte à des TIG, comme c’est le cas en matière de cache-bouche, sauf s’il s’agit pour elle d’un « tampim-bava » d’un autre genre, au sens médiatique du terme.
R. O