
La récente ratification des trois conventions internationales relatives, ainsi que du protocole relatif aux travailleurs migrants à Madagascar, contraint l’Etat à agir pour protéger les droits desdites personnes.
« Madagascar ne dispose actuellement pas de données précises et fiables concernant la situation des travailleurs migrants. Et ce, parce que les migrations qui ont été opérées depuis 2013 – année durant laquelle un décret de suspension d’envoi des travailleurs vers les pays à haut risque a été publié par le gouvernement – ne sont pas conformes aux lois et règlements. Les travailleurs migrants qui ont quitté le pays, depuis cette année, sont partis de façon clandestine. », Ce sont là les propos de Noémie Razafimandimby, coordonnateur national du projet Reframe, ou Action Mondiale pour Améliorer le Recrutement de la Migration du Travail de l’OIT (Organisation Internationale du Travail), pour résumer la situation de la migration du travail à Madagascar. Une situation à l’origine de nombreuses problématiques, dont les plus importantes concernent le non respect des droits des travailleurs, la traite d’êtres humains, ou encore l’exploitation des travailleurs migrants. Les témoignages des travailleuses à domiciles, de retour au pays après des années de maltraitances et d’exploitations dans les pays arabes, en sont des manifestations parfaites.
Proches. Si la situation en matière de données statistiques est inconnue, celle relative aux lois et règlements le sont toutefois. Une étude portant sur l’analyse des gaps entre les conventions internationales et les lois internes menées en 2018, a démontré qu’il n’y a pas trop d’écart entre lesdites normes. Les lois renferment toutefois des bémols. Entre autres, celui relatif à la sous réglementation de certains secteurs. « Les lois internes ne peuvent, par exemple, bien cadrer les agences d’emplois privées. A cause des manquements d’ordre juridique et technique, lesdites lois ne protègent pas comme il faut les travailleurs migrants. Les mêmes manquements ne permettent pas non plus à l’Etat de mener à bien ses missions de contrôles », note Noémie Razafimandimby. En outre, des dispositions de certaines lois ne sont pas appliquées. Le cas de la loi ayant servi la ratification des conventions des Nations Unies, sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles, a été cité par le coordinateur national du projet Reframe, au niveau de l’OIT. D’où l’intérêt de l’atelier, organisé à Antaninarenina hier. Ayant réuni divers acteurs œuvrant dans le domaine de la migration du travail et des droits des travailleurs, et entrant dans le cadre du projet Reframe, financé par l’union européenne, l’atelier d’hier entend mettre en conformité les textes nationaux avec les conventions internationales de l’OIT, relatives à la migration du travail. Si la protection des travailleurs migrants d’origines nationales sont actuellement au cœur des débats, il conviendrait de penser également aux droits de ceux qui viennent à Madagascar pour y travailler. La convention numéro 143 sur les travailleurs migrants régit en même temps ceux qui sortent, et ceux qui entrent dans un pays.
José Belalahy