
La conversation diplomatique de Patrick Rajoelina, un lobbyiste de renom et conseiller stratégique, le 1er mars dernier, se résume en une belle leçon diplomatique axée sur la promotion des entreprises malgache.
« Les opportunités de Madagascar face à la nouvelle Trilatérale : USA, Russie et Chine ». C’était le thème de la « conversation diplomatique » de Patrick Rajoelina, un grand homme de la communication, le 1er mars dernier, à l’Institut des Études Politiques (IEP) Ampandrana. Un moment de partage durant lequel il a exposé, dans un premier temps, les forces et les faiblesses de chacune de ces puissances mondiales ainsi que les prétendues « dissensions réelles ou supposées » qui existent entre elles. Dans un second temps, il a mis l’accent sur la manière dont la diplomatie malgache devrait fonctionner pour améliorer l’image et la visibilité du pays face à l’hégémonie de ces puissances qu’il appelle aussi « la nouvelle gouvernance du monde ».
Défendre les intérêts économiques. Face à ce schéma, « Madagascar est l’ami de tout le monde mais il n’y a pas d’exclusivité », lance-t-il. Une manière pour lui de dire que le peuple doit passer avant toute chose. Et d’ailleurs, il l’a souligné durant son intervention : « quand un diplomate malgache intervient à l’étranger, il doit penser aux 26 millions de Malgaches et non faire plaisir à un tel ou un tel parce qu’il est en bisbille avec une autre puissance ou parce qu’il peut obtenir un certain nombre de choses ». Ce modus operandi se traduit, toujours selon Patrick Rajoelina, par un degré d’engagement considérable au niveau international ou régional dont le but est de défendre les intérêts économiques et sociaux du pays. « Madagascar doit se singulariser et porter sa stratégie pour défendre ses intérêts économiques à chaque vote important au niveau régional ou international », indique-t-il. Une mission qui nécessite, entre autres, une grande maîtrise des techniques de négociations internationales même les plus complexes et des expériences importantes dans le milieu.
Diplomatie économique de combat. Et ce n’est pas tout. Patrick Rajoelina insiste sur le fait que la diplomatie malgache ne doit pas être seulement au service du peuple, mais aussi et surtout au service des entreprises locales. Le but étant de promouvoir, en amont, l’entrepreneuriat malgache et le développement économique de Madagascar en aval. C’est ce qu’il appelle « diplomatie économique de combat » dont les entrepreneurs malgaches constituent, selon ce concept, les grands piliers. « Les fonctionnaires ne sont pas au cœur des réalités », constate-t-il, et donc, « nous devons renforcer nos postes diplomatiques par des hauts fonctionnaires qui sont des lobbyistes, des entrepreneurs malgaches ».
Visibilité internationale. Et pour ce faire, les syndicats des entrepreneurs devraient apporter grandement leur contribution. Comment ? La solution émane de lui-même : en créant une équipe « Madagascar en relation avec les postes diplomatiques » aux côtés du ministère des Affaires étrangères. Ce sera un espace de concertation de dialogue, de concertation où les aspirations des entrepreneurs malgaches seront entendues. Dans cette même optique, il est temps pour Madagascar d’améliorer sa visibilité sur le plan international en faisant participer les entreprises innovantes aux rencontres internationales (foires commerciales internationales, les « happenings » mondiaux, …).
Obligations de résultats. Toujours sous cet angle, Patrick Rajoelina condamne le fait qu’il n’y ait aucun compte-rendu de la part des diplomates par rapport à leurs missions. « Un diplomate à l’étranger coûte cher au budget national malagasy. Il faut disposer d’une équipe de diplomates dédiés au développement économique de Madagascar avec impérativement, une obligation de résultats », précise-t-il. Et ce, en illustrant à travers l’exemple subséquent : « Demandez à telle ambassade, vous avez rapporté combien d’emplois, de technologies, de crédits internationaux à Madagascar ? ». Une très bonne idée qui doit, désormais, faire partie des pratiques diplomatiques du pays.
Recueillis par Aina Bovel