Avec un volume commercial évalué à plus de 200 milliards USD, rien qu’en 2023, soit le double du chiffre en 2013, la coopération entre la Chine et l’Asie du Sud est une opportunité pour la Grande Île. La situation géographique de Madagascar est d’ailleurs très stratégique pour bénéficier d’une multitude de projets avec ces pays. Jean Louis Robinson, Ambassadeur de Madagascar en Chine et hôte du 5e forum sur la coopération Chine et Asie du Sud à Yunnan-Kunming (Chine) en parle.
Midi Madagasikara (M.M) : Notre pays est déjà membre de l’Asie du Sud-Est, comment pourrait-on attirer les projecteurs en tant que membre de l’Asie du Sud ?
Jean Louis Robinson (JLR) : Oui, il s’agit de la première participation de Madagascar dans ce prestigieux forum basant sur la coopération entre la Chine et l’Asie du Sud. C’est une source inépuisable de projets multidimensionnels (environnement, changement climatique, commerce international et encore d’autres) que notre pays aura à exploiter. Madagascar attire toujours les attentions et par sa situation géographique et par sa liaison historique avec les pays asiatiques. Bien que nous soyons un pays africain membre fondateur de l’Union Africaine, notre situation géographique particulière dans l’Océan indien nous réserve une certaine proximité avec les pays du sud de l’Asie. Par ailleurs, l’histoire atteste que l’origine de notre langue venait de la famille de langue polynésienne. Ce qui fait de Madagascar le pays asiatique et afro-asiatique de l’Afrique. J’ai orienté mon discours sur cet axe pour mieux expliquer la proximité de notre pays avec la Chine et les États membres de l’Asie du Sud.
M.M : Quel rôle la diplomatie joue-t-elle en notre faveur dans cette coopération ?
J.L.R : Étant un Etat insulaire riche de 5.000 km2 de côte, d’une vaste zone économique exclusive (ZEE) et dotée de biodiversité terrestre et marine exceptionnelle, Madagascar souhaite développer une économie bleue à travers une diplomatie nationale des ressources marines, la mise en place d’une chaîne de valeur de la pêche et de l’aquaculture marine. A tout cela, nous devons les explorer à travers les coopérations avec les pays asiatiques. Ils ont déjà une expertise dans ce vaste domaine. Outre cela, nouer et approfondir la coopération avec la Chine et l’Asie du sud ainsi que les pays rivant l’Océan Indien nous épaulera à lutter contre les criminalités transnationales concernant les trafics des ressources naturelles et la pêche illégale.
M.M : Vous avez beaucoup parlé de ressources naturelles, quid de la vulnérabilité climatique ?
J.L.R : Il est vrai que la Grande Ile est située dans le bassin cyclonique de l’Océan indien, le pays partage ainsi les mêmes vulnérabilités face aux changements climatiques avec les pays dont la Chine et les états membres de l’Asie du Sud qui sont chaque année frappés par des cyclones de plus en plus violents et fréquents, ravageant des habitations et des infrastructures ainsi que des récoltes. Le fait de s’associer avec ces pays nous permettra d’unir notre voix pour mieux être entendue sur la scène internationale.
Toute initiative tendant à la coopération et à la compréhension mutuelle entre les peuples, les échanges économiques et culturelles sont louables dans un monde en proie à la division géopolitique et vivant dans une compétition économique exacerbée. Les coopérations de la sorte demeurent importantes.
Propos recueillis par D.R