Le président de la République Hery Rajaonarimampianina attend patiemment les résultats officiels définitifs des législatives proclamés par la Cour Electorale Spéciale. Le choix du Premier ministre et la formation du gouvernement dépend des rapports de force issus de la composition politique de l’Assemblée nationale. En attendant, le doute envahit les députés élus provisoirement. La CES a reçu de nombreuses requêtes en annulation. Des résultats sont par conséquent susceptibles d’être rectifiés. La victoire provisoire de certains pourraient devenir une défaite et vice-versa lors des résultats définitifs.
Couleur politique
L’attente et le suspense n’ont pas empêché les calculs politiques pour la formation de la majorité à l’Assemblée. De tous les partis, le Mapar d’Andry Rajoelina a gagné provisoirement le maximum de sièges. Mais, la Constitution est claire. Le président de la République nomme le Premier ministre proposé par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée. Le Premier ministre viendra donc, soit d’un parti soit d’un groupe de partis ? La tendance est en ce moment au ralliement des partis et des députés indépendants. Ces derniers sont très courtisés parce qu’ils constituent une masse pouvant influer sur les probabilités de majorité. Ils seraient, dans leur majorité, déjà acquis au président de la République. A ce jour, Hery Rajaonarimampianina n’a encore nommé personne. Les excès de zèle dans son entourage essaient de l’influencer mais le président de la République n’est pas de ceux qui prennent des décisions à la légère. A preuve, les premières abrogations de nominations en conseil des ministres. Une affirmation d’autorité qui ne donne aucune chance aux abus. Mais la vraie couleur de la politique du président de la République n’apparaîtra qu’avec l’avènement du nouveau gouvernement. Son choix de Premier ministre est déterminant pour le succès de son mandat. Il a déclaré au retour du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba qu’il mettra en place un gouvernement d’ouverture qui reflètera la réconciliation nationale. Est-ce à dire que le gouvernement comprendra des éléments du Mapar d’Andry Rajoelina et également de la mouvance Ravalomanana ? Des observateurs vont plus loin dans la réconciliation en estimant que des éléments marginalisés, de Ratsiraka et du Pr Zafy, en feront partie. Bref, les spéculations vont bon train. Une chose est sûre, le président Hery Rajaonarimampianina ne fera pas une transition bis. Son discours-programme a déjà esquissé les grands défis qu’il veut gagner sur le terrain du « fampihavanana », de la lutte contre la corruption et du combat contre la pauvreté. Mais tout dépendra du gouvernement dont on essaie dans divers milieux d’en deviner les traits du visage.
Zo Rakotoseheno