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samedi, mars 15, 2025
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Courrier de lecteur : A l’assistance électorale des Nations Unies

Bienvenue à Antananarivo. Votre démarche de prévoir dès maintenant l’élection présidentielle de 2018 est louable. C’est une élection à l’issue de laquelle Madagascar pourra, ou bien asseoir enfin un pouvoir stable issu des urnes, ou bien tomber de nouveau dans un Etat d’équilibre instable permanent

A l’élection de sortie de crise de novembre 2013, avec le « ni…ni… », les deux candidats de substitution ont joué leur rôle à la place des deux principaux acteurs de la crise de 2009. L’élection de 2018 sera tout à fait différente, dans la mesure où la compétition électorale sera ouverte à tous. J’attire donc votre attention sur les points suivants.

 

Avant l’élection. Notre système politique composé de multitude de petits partis politiques sans idéologie ni couverture territoriale, concurrencés par des entités soi-disant « indépendantes » dont l’objectif vise à participer à l’exercice du pouvoir par tous les moyens, ce système politique est pervers. Il ne peut que brouiller les débats et les pratiques politiques, et reproduire un mécanisme à l’envers. Il revient à nos acteurs politiques de se regrouper au maximum en cinq fédérations des partis. Leur regroupement se ferra autour des idées, et non plus autour du soutien à un chef de clan.

Il nous faut faire un bilan de la gestion des élections organisées par la CENIT, le seul organe largement soutenu par la communauté internationale durant le régime de Transition. La CENI actuelle est–elle reconnue comme une structure indépendante ? Faut-il revoir ses attributions, confier par exemple des tâches matérielles au Ministère de l’Intérieur et donner un rôle plus significatif à la CENI pour assurer la sauvegarde du verdict des urnes ?

A ce jour, le financement des partis politiques et des campagnes électorales s’opère de façon totalement occulte. Si nous voulons réellement une compétition électorale transparente où le verdict des urnes ne sera plus orienté par des manœuvres d’achat des votes, il nous faut impérativement élaborer une nouvelle loi sur les financements des partis et des élections. Cette loi doit être strictement appliquée sous peine de sanction très grave.

 

Pendant l’élection. Le nombre et l’installation des bureaux de vote doivent être identifiés, localisés et portés à la connaissance du public longtemps avant le jour du scrutin. Les membres des bureaux de vote jouent un rôle important pour le bon déroulement du scrutin. Leur désignation doit se faire avec précaution et transparence. Si on maintient le bulletin unique, la manière de cocher ce bulletin doit être uniformisée. Le vote collectif, sous prétexte de l’éloignement du bureau de vote, doit être interdit. Le dépouillement des urnes doit être public même dans les bleds les plus reculés. Les délégués des candidats et les observateurs électoraux ont droit à recevoir copie du procès verbal « PV » des résultats du bureau de vote.

 

Après l’élection. Les PV sont transportés du bureau de vote au CRMV (Centre de recensement matériel des votes), présidé par un magistrat. En cours de route, ces PV sont falsifiés, à l’avantage du candidat d’État. En conséquence, dans une élection nationale, la HCC annule en moyenne 350.000 voix dans les bureaux de vote. Bien que les électeurs aient voté normalement, leurs voix sont annulées parce que les membres des bureaux de vote n’ont pas fait leur travail correctement : soit les PV ne sont pas signés par le président du bureau de vote, soit les PV sont mal remplis. Aucun des auteurs des annulations des PV n’a été sanctionné jusqu’à présent. Généralement, les PV annulés setrouvent là où les candidats d’opposition arrivent en tête. Située au bout de la chaine, la HCC travaille ainsi sur des documents faux.

La pratique de ce genre d’annulation des voix fausse le verdict des urnes et peut même changer le résultat du scrutin quand les scores électoraux deviennent de plus en plus serrés. Au deuxième tour de l’élection présidentielle de 1996, la différence de voix entre le gagnant et le perdant n’était que de 35 000 voix.

Enfin, à Madagascar, la reconnaissance de la victoire du candidat à l’élection présidentielle par son adversaire ne s’est produite que deux fois. En 1993, l’amiral Didier Ratsiraka a reconnu sa défaite et salué la victoire du Pr Albert Zafy. En 2014, le Dr Jean Louis Robinson a assisté à la cérémonie d’investiture de son adversaire Hery Rajaonarimampianina, élu Président de la République.

À l’occasion de l’élection présidentielle de 2018, il est temps de cultiver une nouvelle habitude d’alternance au pouvoir, sans violence, à l’issue d’une compétition électorale exemplaire. Cela se prépare et se réalise grâce à la mobilisation citoyenne et à la ferme volonté des responsables de changer.

 

André Rasolo

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