
La nomination d’un Premier ministre homme d’affaires présente aussi un risque d’amalgame entre les intérêts de l’Etat et les avantages de sa ou de ses sociétés.
De retour au pays hier après un séjour de presque une semaine en France, le Premier ministre Jean Ravelonarivo a repris du service. A peine arrivée, il a convoqué la presse pour présenter un rapport de son voyage à l’étranger, durant lequel plusieurs rencontres avec des opérateurs dans les domaines de l’économie et du social ont eu lieu. Une manière au locataire de Mahazoarivo de démentir les informations selon lesquelles, il a profité de ce déplacement pour effectuer un contrôle de santé. En tout cas, bien malgré cette offensive de communication dont l’objectif est de prouver que le Premier ministre reste aux commandes, nul n’ignore qu’un remaniement gouvernemental est désormais de mise, surtout avec le départ de l’ancienne ministre de la Culture, Brigitte Rasamoelina et du ministre de la Pêche, Ahmad nommés sénateurs parmi les quotas du président de la République. Alors que le Général de Brigade Aérienne, Jean Ravelonarivo continue d’assumer ses responsabilités, les consultations seraient en cours du côté d’Iavoloha. Quelques noms ont déjà été cités comme étant les sérieux prétendants au poste de Premier ministre. Parmi eux figure notamment le Président Directeur Général du Groupe Guanomad, Erick Rajaonary. Depuis quelque temps, certaines associations sont sorties de leur mutisme pour exprimer leur soutien à la nomination de ce dernier à la Primature. C’est le cas notamment de l’ « Association Malagasy Sambatra » (MASA) qui a organisé une conférence de presse dernièrement. Pourtant, la candidature du président du Groupement du Patronat Malagasy (Fivmpama) est très critiquée, aussi bien au niveau des opérateurs économiques que dans les rangs des politiciens.
« Suicide politique ». Bon nombre d’observateurs estiment que la nomination d’Erick Rajaonary à Mahazoarivo constitue un « suicide politique » pour le président Hery Rajaonarimampianina. Ne serait-ce que pour le fait qu’il soit issu des Hautes Terres. Nul n’ignore en effet que depuis l’indépendance, la question de l’origine ethnique constitue une règle non écrite pour les nominations au niveau de l’Exécutif. Si le président de la République est natif des Hautes Terres, son Premier ministre doit être un côtier et vice versa. L’histoire a d’ailleurs confirmé que tous ceux qui ont transgressé cette règle non écrite n’ont pas pu terminer leur mandat. C’était le cas notamment du Professeur Zafy Albert qui a été destitué par une motion d’empêchement après avoir nommé Emmanuel Rakotovahiny à la tête du gouvernement. Pour sa part, l’ancien président Marc Ravalomanana a également été renversé après avoir confié au Général Charles Rabemananjara la Primature. De par cette règle non écrite, le numéro Un du Guanomad, Eric Rajaonary risque donc d’être écarté d’office de la course à Mahazoarivo. D’autant plus que la nomination d’un Premier ministre homme d’affaires présente aussi un risque d’amalgame entre les intérêts de l’Etat et les avantages de sa ou de ses sociétés.
Davis R