
, se retrouve stigmatisé.
Photo Kelly
Renvoyés par les employeurs, refusés à l’école, menacés par les voisins, indésirables auprès des propriétaires de logements… Les habitants des quartiers comptant des cas de Covid-19 et les employés d’Ambatovy à Toamasina, le site ayant été cité comme comptant des personnes atteintes de la maladie se sentent fortement stigmatisées et subissent diverses pressions venant de leur entourage.
Soavimasoandro à Antananarivo, et le site d’Ambatovy à Toamasina, sont les deux localités les plus stigmatisées face à la menace de Covid-19. Depuis l’annonce de plusieurs cas positifs au coronavirus à Soavimasoandro, il y a quelques jours, les habitants de ce quartier sont considérés par la société comme porteurs du coronavirus, du moins si l’on en juge par les comportements que les autres ont envers eux. Les travailleurs sont écartés par les employeurs tandis que les enfants sont refusés par leurs établissements scolaires. « Depuis que ces cas de Covid-19 à Soavimasoandro ont été annoncés, mon employeur ne veut plus que je continue à travailler parce que j’habite à Soavimasoandro. Il m’a dit de rentrer et de ne plus revenir. Donc, je viens de perdre mon emploi juste parce que j’habite dans ce quartier», témoigne une jeune femme qui travaille comme aide ménagère dans une famille d’un quartier voisin de Soavimasoandro, recrutée justement parce qu’elle habite proche de son lieu de travail. Face à la presse, des habitants de Soavimasoandro se sont plaints de cette situation de stigmatisation. Hier, certains taxi-be desservant Soavimasoandro ont été vus avec de très rares passagers, voire quasiment vides aux heures de pointe. « Nous demandons à ce que des tests massifs soient faits sur toute la population de Soavimasoandro et on sera fixé sur tout le monde. Ainsi, on saura qui est malade et qui ne l’est pas. A partir du moment où les gens ne sont pas emmenés à l’hôpital après le test, c’est qu’ils ne sont pas malades, et les soupçons sur nous seront alors levés », s’indignent les habitants victimes directes de ces cas de stigmatisation. Pour l’instant, cette requête n’est pas à l’ordre du jour du côté des autorités.
Mal vus. A Toamasina, les employés des quartiers à cas confirmés de Covid-19 déjà cités dans les médias, subissent également le même problème de stigmatisation. Les employés d’Ambatovy figurent parmi les plus visibles et se sentent justement très mal… vus par leurs voisins et par d’autres personnes qui savent qu’ils sont employés de cette compagnie. Ce, même s’ils ne mettent pas les pieds – ou ne s’y sont plus rendus depuis des semaines – dans l’enceinte du site de l’usine où des cas de Covid-19 ont effectivement été détectés. Certains employés, locataires de leur logement, sont harcelés par leurs propriétaires, et s’ils cherchent à déménager, personne ne veut leur louer des logements dès qu’ils révèlent qu’ils sont des employés de la compagnie minière. Rappelons que les occupants du site d’Ambatovy ont déjà effectué des prélèvements en vue d’un test la semaine dernière.
Les cas de stigmatisation risquent encore de se reproduire dans d’autres quartiers qui comptent un nombre plus ou moins important de cas confirmés de Covid-19. Les victimes qui en font actuellement l’expérience s’estiment injustement « mises au ban de la société » alors, disent- elles, que le virus peut circuler partout, dans une atmosphère de déconfinement généralisée avant 13h, et dans laquelle la distanciation sociale n’est pas respectée.
Hanitra R.