
Les donnes ont changé. Les crabes de mangroves ne sont plus désormais sous-exploités avec un niveau de capture dépassant largement le potentiel maximum estimé à 7500 tonnes. Avec l’arrivée soudaine des opérateurs chinois qui ont quasiment explosé le marché en opérant dans la filière crabe vivant, l’exploitation a augmenté à une vitesse grand V. En effet, les exportations de crabes vivants de Madagascar, ont augmenté de manière plus qu’inquiétante, car ont augmenté les pressions qui pèsent sur la ressource. Désormais, nous sommes dans la surexploitation. En effet, l’exportation de crabes vivants est passée de 2 tonnes en 2009 à plus de 800 tonnes en 2013. Cette année, au terme du premier semestre, l’exportation a déjà atteint le cap des 1400 tonnes. La forte présence de certains nouveaux opérateurs dans les régions littorales les plus enclavées, a contribué à cette situation : ces derniers mettent la barre très haut, en proposant des prix très élevés pour des crabes de bon calibre, le marché local et la filière traditionnelle se contentant des crabes de taille modeste. Ce qui a eu pour effet de créer une demande sans précédent.
Fermeture annuelle. La rencontre organisée à Mahajanga le mois dernier par le ministère des Ressources halieutiques et de la Pêche et le programme Smartfish , a été décisive dans la prise en main de la situation. C’est à l’issue de cette rencontre qui a regroupé l’administration des pêches, les collectivités régionales, les pêcheurs, collecteurs et exportateurs ainsi que des ONG, que le pays a décidé de mettre en place de mesures drastiques pour une exploitation rationnelle des crabes de mangrove. L’instauration d’une fermeture annuelle et l’augmentation de la taille minimale à la capture (laquelle est actuellement de 10cm) figurent ainsi parmi les premières recommandations adoptées. De même, le permis de collecte devrait être assaini et son octroi, faire l’objet d’une réforme. Par ailleurs, la législation mérite également d’être adaptée à la situation, aussi les textes sur la gestion des crabes méritent-ils d’être mis à jour.
Les mangroves, habitat naturel des crabes, souffrent de cette situation de surexploitation. Leur préservation doit devenir une priorité et la gestion et la protection de ces mangroves, gagneraient à être renforcées.
Appui significatif. Depuis l’analyse globale de la filière, conduite en 2012, Smartfish a apporté une contribution significative au secteur crabe de mangrove à Madagascar. Le volet relatif aux pertes post-capture a particulièrement bénéficié de cet appui, avec la promotion auprès des acteurs de la filière, de l’adoption de nouvelles techniques de manipulation, de stockage et de transport des crabes dans 50 villages des 3 régions clés de Madagascar. Un projet pilote d’aquaculture communautaire a également été initié, ainsi qu’un appui à la réhabilitation complète de trois marchés aux crabes à Morondava, Antsohihy et Ambanja.
Hanitra R.