Périodiquement, ils sont là, au pays parce que l’herbe n’est jamais plus verte que chez soi. Certains sont connus dans le bataillon pour avoir été toujours présents lors des batailles électorales précédentes, pour s’éclipser aussitôt tout penaud avec des tout petits scores comme « voan-dalana » du pays dans leurs valises de retour. Mais ils reviennent à la charge comme si la situation du pays était semblable à celle de son équipe nationale et qu’à la longue, on finira par avoir recours à ses expatriés. D’autres, des illustres inconnus sauf de leur famille proche se disent pourquoi pas moi ? Dans cette loterie intéressante où avec 10 000 ou 15 000 euros (l’équivalent en ariary du droit de candidature), on peut participer à l’élection, mais à la clé un enjeu de taille comme, la cagnotte, le gros lot, la présidence de la République ou peut-être avec un peu de chance et surtout beaucoup de bagouts un fauteuil ministériel.
Mais tous ont en commun des diplômes à n’en plus finir délivrés par des universités qu’eux seuls pensent avoir fréquentées et des expériences à faire valoir et pâlir des électeurs. Indispensables, ils le sont, prétendent-ils parce qu’ à défaut d’atteindre l’Everest, ils ont, soit officié dans des bureaux cossus en haut des tours de Dubaï, soit créé des entreprises florissantes dans des pays imaginaires.
Mais tout bardés de diplômes qu’ils soient, ils ont oublié qu’en matière politique, il est rare qu’on soit en présence de génération spontanée et que c’est une œuvre de longue haleine. Il faut d’abord avoir une équipe derrière soi, avec qui on partage une vision ou une idéologie laquelle se dérive en projet de société puis en programme de gouvernement. Enfin, ce dernier se traduit en actions gouvernementales. Et tout ceci doit être soutenu logistiquement et financièrement. Voilà, une vraie campagne d’accès au pouvoir. Ce n’est pas en ouvrant une page sur Facebook qu’on prend le pouvoir et qu’avec un millier de « like » qu’on devient « Président ». Evidemment, si l’objectif est de garnir son CV d’« ancien candidat à l’élection présidentielle » c’est autre chose.
Mais tous se demandent ce qu’ils leur arrivent de briguer un poste dont ils ont peu de chance d’avoir. Il est vrai que toute diaspora se dit de savoir tout et de critiquer tout et tous ceux qui sont au pouvoir ou même ceux qui sont dans l’opposition mais quand l’ambition arrive à ce point on peut bien se demander ce qu’ils ont appris là-bas. Mais il n’empêche que la transhumance ne va pas s’arrêter là. Notre misère constitue un appel d’air de migrants qui marchent comme des crabes, c’est-à-dire, en arrière.
M.Ranarivao