
Dans le monde, mais aussi à Madagascar, l’absence de toilettes menace la santé et les moyens de subsistance des personnes les plus vulnérables et le changement climatique aggrave la situation.
A Madagascar, 90 % de la population, soit plus de 22 millions de personnes, n’ont pas accès à des toilettes décentes. La journée mondiale des toilettes, évoquant cette année l’assainissement durable et le changement climatique, était une occasion de plus pour remettre sur le tapis la question de l’accès à l’assainissement. L’ONG WaterAiD souligne à cette occasion l’impact du changement climatique sur la crise de l’assainissement. En effet, le manque d’assainissement fiable et durable a des impacts néfastes sur les ressources en eau et donc sur la vie de toute la communauté. « Les toilettes sont essentielles à la lutte contre les effets du changement climatique et contre les maladies infectieuses, or, une personne sur quatre n’en possède toujours pas », a-t-il été souligné, dans la mesure où moins de la moitié de la population mondiale (45 %) bénéficie de services d’assainissement ou de toilettes qui permettent le traitement et l’élimination des excréments humains en toute sécurité. De même, 2 milliards de personnes sont privées de toilettes élémentaires privatives, et plus de 600 millions de personnes n’ont pas d’autre choix que de pratiquer la défécation à l’air libre. A Madagascar, plus de 11 millions de personnes pratiquent la défécation à l’air libre.
Et pourtant, l’absence de toilettes décentes signifie que les excréments humains peuvent contaminer les eaux souterraines, ou alors atteignent les lacs et rivières, et polluent ainsi la seule source d’eau dont les communautés disposent pour boire, cuisiner et se laver. Les impacts vont bien au-delà du seul circuit de l’eau, quand on sait que les enfants jouant sur un sol souillé, avec une multitude d’agents pathogènes causés par la contamination fécale, s’exposent aux maladies diarrhéiques. « Gérer les excrétas de manière à ne pas spolier les ressources en eau ni les investissements dans l’assainissement, sont autant de garants de la santé, viabilité et durabilité de ces ressources en eau, tout en permettant à la communauté de jouir d’une santé non perturbée par les diarrhées et les maladies issues du manque d’assainissement », plaide l’ONG.
La crise sanitaire est, elle aussi aggravée par le changement climatique. « Les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les inondations, les cyclones dévastateurs, le hausse des températures, les sécheresses prolongées, causent des dégâts irréparables aux systèmes d’assainissement déjà fragiles et entraînent la propagation de maladies au sein des communautés vulnérables ». On estime qu’entre 2030 et 2050, le changement climatique sera à l’origine de 250 000 décès annuels supplémentaires, dont une proportion importante, due à de mauvaises conditions d’assainissement.
Hanitra R.