
Alors que Madagascar célèbre en grande pompe la Semaine de l’Eau 2025 au stade BAREA Mahamasina, la réalité du terrain vient rattraper les ambitions affichées. La Grande-île souffre d’une crise de l’eau, qui touche sérieusement le secteur énergétique.
Plus de 90 stands accueillent professionnels, institutions, ONG et grand public pour discuter de la gestion durable de l’eau à Mahamasina. De son côté, la Jirama annonce un retour des délestages, provoqué non pas par des pannes techniques – comme ce fut le cas les semaines précédentes – mais par un facteur autrement plus préoccupant : le manque d’eau. « L’eau du barrage d’Andekaleka, qui fournit à lui seul un tiers de l’électricité du Réseau Interconnecté d’Antananarivo (RIA), atteint un niveau critique », alerte la Jirama. En effet, le résultat est immédiat : des coupures de deux heures sont désormais programmées pour compenser un déficit de production estimé entre 10 et 12 MW. Une situation alarmante, d’autant plus que la saison des pluies n’est pas encore officiellement terminée.
Paradoxe
Cette crise énergétique révèle au grand jour la vulnérabilité structurelle du système énergétique malgache. Trop dépendant de l’hydroélectricité – une énergie pourtant vantée pour sa durabilité –, le pays subit aujourd’hui les conséquences directes du changement climatique et de la déforestation. La baisse de la pluviométrie n’est plus un phénomène marginal : elle s’installe durablement dans certaines régions, affectant les barrages, les nappes phréatiques et les sources naturelles.Dans ce contexte, l’événement de Mahamasina résonne comme un paradoxe. Sur fond de discours institutionnels et d’engagements collectifs, la gestion de l’eau peine encore à s’imposer comme une priorité nationale réelle. Pourtant, les ambitions affichées lors de cette Semaine de l’Eau sont claires : fédérer les acteurs, sensibiliser le public, et promouvoir des solutions locales et inclusives. Selon les organisateurs de la manifestation, ces objectifs ne pourront se concrétiser sans une volonté politique forte, des investissements ciblés, et surtout une gouvernance plus rigoureuse de la ressource.
Urgence
Pour les techniciens, la crise actuelle montre la nécessité de diversifier les sources d’énergie. En effet, Madagascar possède un potentiel solaire et éolien immense, largement sous-exploité. L’essor de mini-réseaux verts (MRV), comme ceux discutés lors de forums internationaux récents, pourrait constituer une réponse crédible à cette dépendance excessive à l’hydroélectricité et à l’énergie thermique, qui présente également des contraintes au niveau financier et opérationnel. Certes, la pénurie d’eau impacte bien au-delà du robinet. Elle affecte l’accès à l’électricité, la production agricole, l’hygiène, et in fine, la stabilité sociale et économique. Il ne s’agit plus uniquement de sensibiliser, mais d’agir. Comme l’ont rappelé plusieurs intervenants à Mahamasina, l’eau est une richesse nationale, un bien commun, et un pilier de la souveraineté du pays.
Besoin d’actions
Les coupures de courant et les expositions pédagogiques pourraient sembler appartenir à deux mondes différents. Mais ils sont, en réalité, les deux faces d’une même pièce. Ce que vit la population en ce moment – les délestages répétés, l’accès restreint à l’eau potable, l’instabilité des services de base – doit être interprété comme un signal d’alarme, et non comme une fatalité.Le défi est systémique. Il s’agit de bâtir un modèle de développement où l’eau, en tant que ressource vitale et stratégique, est placée au cœur des priorités.
Antsa R