Les difficultés de taille rencontrées par les acteurs œuvrant dans le domaine de l’élevage ne sont pas encore surmontées, et voilà maintenant que ce secteur porteur risque d’être affecté par cette crise politique qui prévaut dans le pays.
Des éleveurs et bien d’autres professionnels opérant dans ce domaine ont ainsi manifesté leur forte inquiétude pour l’avenir de ce secteur qui constitue pour autant un pilier du développement socio-économique de Madagascar. Si les protagonistes politiques ne parviennent pas à trouver un consensus pour pouvoir instaurer l’apaisement et la stabilité dans le pays, l’élevage fait partie des secteurs économiques qui vont en payer le prix, selon leurs dires. En effet, les consommateurs vont plutôt se ruer vers l’achat des produits de première nécessité comme le riz pour constituer leurs provisions au détriment des autres aliments tels que les produits d’élevage qui sont sources de protéines. Il faut également reconnaître que le pouvoir d’achat est très limité d’autant plus que l’on entre actuellement dans la période de soudure.
Forte dépendance aux importations
En outre, ces acteurs œuvrant dans le domaine de l’élevage ont avancé que leur secteur est très vulnérable à tous les facteurs exogènes qu’ils ne peuvent pas maîtriser pour ne citer que cette crise politique qui risque de persister. Ils se sentent ainsi victimes étant donné que l’écoulement des produits d’élevage sera problématique si la consommation des produits d’origine animale commence à être perturbée. A titre d’illustration, « on ne peut pas stopper le cycle de vie des reproducteurs dans la filière aviculture, qui fournit journalièrement des œufs à couver dans les couvoirs même si l’on ne trouve pas preneurs », ont-ils évoqué. En revenant sur les difficultés de taille rencontrées par le secteur de l’élevage, l’on peut citer, entre autres, la hausse vertigineuse des prix de leurs intrants notamment les provendes et le maïs, en particulier qui constituent plus de 50% de l’alimentation animale. Dans la même foulée, Madagascar a une forte dépendance en matière d’importation de ces intrants et matières premières, pour ne citer que, les provendes, les poussins d’un jour, les matériels améliorés d’élevage et les autres concentrés d’aliments comme les tourteaux de soja ou les tourteaux de coprah. Tout récemment, le secteur privé dans le secteur de l’élevage a dû importer 45 000 tonnes de maïs non concassés dans le but de satisfaire ses besoins. En outre, la forte dégénérescence des cheptels d’élevage, autres que les poulets de chair et les poules pondeuses dont les poussins d’un jour sont importés systématiquement, constitue également une autre difficulté de taille rencontrée par le secteur.
Opportunités de marché
En dépit de tout cela, force est également de reconnaître que le secteur de l’élevage a connu un certain élan depuis l’organisation récemment de la Foire de l’Elevage, de la Pêche et de l’Agriculture par le Malagasy Professionnels de l’Elevage (MPE) dans son enceinte à Nanisana. En effet, le nombre d’individus désirant poursuivre des formations professionnelles prodiguées par cette plateforme regroupant tous les acteurs opérant dans le secteur de l’élevage, a connu une hausse entre 25% et 50%, selon les filières choisies, dans le cadre de cette manifestation économique. Les formations en matière de conduite d’élevage porcin, de poules pondeuses, de poulets de chair, de poulet gasy ainsi que l’élevage apicole intéressent notamment les apprenants qui envisagent d’investir dans ces filières d’élevage à cycle court. « Les opportunités de marché identifiées par les acteurs ainsi que la diversification des ressources financières constituent les principales raisons qui les amènent à se lancer dans ce secteur », selon les explications des organisateurs de cette foire de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture.
Conquérir le marché régional
Par ailleurs, d’aucuns reconnaissent que le secteur de l’élevage est considéré comme étant un des piliers du développement socio-économique de la nation puisque la Grande île dispose d’un grand potentiel naturel permettant de le développer. Les acteurs œuvrant dans ce secteur porteur pourront également être en mesure d’exporter les produits d’origine animale s’il y a une réelle volonté politique de le promouvoir en rendant plus compétitifs les filières porteuses. Des membres du Malagasy Professionnels de l’Elevage vont bientôt assister à un événement économique dans le cadre de la Zone de Libre Echange continentale Africaine (ZLECAF) pour conquérir le marché régional avec les foies gras faisant la renommée internationale de la Grande île. Il s’avère également important de mettre en place une politique claire visant à améliorer le pouvoir d’achat des consommateurs pour pouvoir booster la production locale, a-t-on conclu.
Navalona R.