
La crise actuelle risque de changer la donne dans les relations de Madagascar avec les bailleurs de fonds traditionnels. D’après les analystes économiques, il y a un risque de fragilisation des relations, notamment avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).
Perturbée
On rappelle que pour le FMI, la Grande Ile est actuellement en pleine préparation de la troisième revue du programme au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC). Les représentants du Fonds étaient à Madagascar du 4 au 10 septembre dernier pour une mission d’évaluation de la situation d’évaluation des développements économiques récents et des perspectives, ainsi que pour faire le point sur l’exécution du budget 2025, et discuter des contours de la loi de finances de 2026. La prochaine étape qui devrait normalement avoir lieu avant la fin de l’année sera cruciale puisqu’il s’agira de la troisième revue de la FEC, laquelle devrait déboucher au déblocage de sa troisième tranche. Une échéance qui risque d’être perturbée par la situation politique actuelle et de ses conséquences, forcément dommageables sur le plan économiques. En effet, cette crise pourrait mettre en doute la capacité du gouvernement à respecter les réformes convenues et atteindre les objectifs fixés, notamment en matière fiscale. Les nombreuses entreprises victimes des pillages ne pourront pas payer convenablement leurs impôts. Ce qui pourrait entraîner un gap des recettes fiscales tant redouté par le FMI.
Impacts destructeurs
On rappelle, sur ce point que dans sa conclusion à la l’issue de la dernière mission technique, le FMI a notamment fait remarquer que « Les dépenses publiques engagées par Madagascar ont excédé la collecte des recettes fiscales dans l’exécution budgétaire au cours du premier semestre de l’année ». Le bailleur a ainsi invité les autorités à renforcer la collecte des recettes fiscales. Une tâche qui sera évidemment très difficile à réaliser face à des entreprises contribuables dont les trésoreries s’assécheront en raison des impacts destructeurs des pillages. En somme, une éventuelle mauvaise performance en matière de recettes fiscales due aux impacts de la crise pourrait entraîner, un retard ou même un blocage du décaissement de la troisième de cette troisième tranche de la FEC. La seule option pour la partie malgache serait alors de demander un assouplissement des conditions, une révision des objectifs ou même carrément de négocier un nouveau programme d’urgence. En effet, le FMI dispose d’un programme de financement dénommé Instrument rapide de financement (IFR) pour aider rapidement les pays membres confrontés à des besoins urgents de financement extérieur.
Faiblesse de gouvernance
En ce qui concerne les relations avec la Banque mondiale, qui est aussi un des plus grands bailleurs de fonds de la Madagascar, cette dernière pourrait être amenée à rediriger ses appuis vers la gestion de crise et ne financer que les aides sociales, la sécurité alimentaire et la résilience des services publics. En résumé, les projets d’infrastructures pour le développement pourraient être momentanément mis de côté. En effet, pour la Banque mondiale, il est de principe qu’en cas d’instabilité politique qui implique naturellement une faiblesse de gouvernance, certains projets de développement dans des secteurs vitaux comme les routes, l’énergie et autres soient ralentis ou gelés. Une sombre perspective, en somme, dans les relations de Madagascar avec ses partenaires techniques et financiers. Sans oublier la perte de crédibilité et de confiance sur le plan international pour la Grande Île qui aura dans ce cas du mal à mobiliser les financements concessionnels. C’est pour cette raison d’ailleurs que la communauté régionale et internationale, comme la SADC et l’Union africaine, lance des appels à l’apaisement et au dialogue. La balle est dans le camp des protagonistes.
R.Edmond.
Mauvaise analyse. Ce sont les dépenses non budgetés qui ont conduit au déficit. Forcer sur les recettes tuerait les entreprises. Il y a évidemment les cavaliers clandestins et les fuites fiscales à assainir.