La mouvance Ravalomanana se place dans l’opposition. Cette fois-ci, les jeux sont clairs. Les députés pensent ainsi suivre à la lettre les décisions du chef de file exilé en Afrique du Sud depuis 2009. Du moment que Marc Ravalomanana a déclaré « çà suffit ! », toute la mouvance doit lui entamer le pas en adoptant cette position. Cette vision pourtant des députés pourrait ne pas être celle du ministre de l’agriculture, unique membre du gouvernement de la mouvance. Il est bien clair maintenant que pour les députés, il doit démissionner de son poste. Mais Rolland Ravatomanga ne l’entend peut-être pas de la même oreille ? Il n’a pas, en tout cas, traduit les propos de Marc Ravalomanana comme un ordre de démission. En tant que chef de délégation de la mouvance Ravalomanana, il est en mesure de décider de la position à adopter tant qu’aucune consigne directe de l’ancien président de la République n’atterrisse pour le démettre de son statut au sein de la mouvance ou pour lui demander son départ du gouvernement. C’est une affaire à suivre.
A la croisée des chemins
Sinon, la position du président Hery Rajaonarimampianina concernant l’exilé est on ne peut plus clair. Il l’a déclaré sans ambiguïté. « Le retour de Marc Ravalomanana est incontournable mais il ne se fera que dans le cadre de la réconciliation nationale ». La mouvance pourtant ne cesse de faire pression devant l’impatience de retour de Marc Ravalomanana. Il faut cependant reconnaître que le président de la République actuel est le premier chef d’Etat à déclarer « incontournable » le retour de Marc Ravalomanana. Tous les autres avant lui, sont restés vagues sur le sujet afin de mieux éviter d’en parler. Résultat, cinq ans en Afrique du Sud. Tout dépend aujourd’hui de la bonne marche de la réconciliation nationale. En d’autres termes de la volonté des Malgaches de faire preuve de tolérance et de se pardonner pour que le retour des exilés politiques n’aboutisse une fois de plus à l’échec. En effet, beaucoup de gens, en particuliers des hauts responsables ont peur du retour de Marc Ravalomanana et surtout de sa possible vengeance. Ils ne sont pas rassurés sur les sentiments que pourraient avoir l’ancien président de la République en débarquant sur le sol national. Le pays sort à peine de la crise pour prendre le risque d’en vivre une nouvelle. Le président Hery Rajaonarimampianina se montre prudent et ne tient pas à avancer dans la précipitation. Son objectif est de reconstruire les bases d’une démocratie apaisée dans laquelle la stabilité et la paix politique et sociale sont des priorités. La mouvance Ravalomanana se trouve à la croisée des chemins. En se rangeant dans l’opposition au régime, le risque de retarder davantage le retour de l’exilé politique est plus grand. Ne sait-on pas que des relations détériorées avec la majorité politique favorisent l’adversité au détriment du dialogue et de la compréhension ?
Zo Rakotoseheno