Le beko a deux grands ambassadeurs, les groupes Vaovy et Salala, ce dernier sera en concert samedi au Brothers à Andraharo. Le voyage sera musical, sans nul doute, un brin thérapeutique et surtout ancré dans le terroir, comme Madagascar en possède dans ses meilleures versions.
À de rares occasions, le groupe Salala monte sur scène et il le fera le 27 janvier à 19 h chez Brothers à Andraharo. Fondé par Mbasalala Zafimaneva Randriamazoto et Christian Harimino Andrianjanaka dans les années 70 et 80, ce groupe a choisi le chemin du « beko », genre musical séculaire, pratiqué dans le sud de Madagascar, dans le groupe humain Antandroy notamment. Musique sacrée, le « beko » est avant tout un médium spirituel, politique et social. Lors des funérailles, il sert à adoucir l’amertume des proches du défunt. Les meilleurs chanteurs sont appelés dans des séances de musicothérapie. En 1984, devenue son année de création, le groupe Salala explose sur les tubes cathodiques et les ondes. Une expansion à travers tout Madagascar, le duo de départ est vite rejoint par Sengemana, il est devenu le symbole vocal de la troupe. Avec sa voix de baryton, la complémentarité, le professionnalisme et la vibration artistique partagée par la formation lui fait traverser les mers et lui fait accéder aux festivals internationaux. Puis la vie et ses surprises, malheureuses pour la bande, ont bouleversé son destin. Senge décède en 1999, Mbassa déménage en France, Christian, médecin d’Etat, préfère s’occuper de santé publique. Mais l’empreinte est laissée, le beko est désormais connu et les Malgaches se l’ont approprié. Pas une révolution mais une nécessité. Le morceau « Salakao » en est le symbole. Une chanson résolument féministe de l’immense Jean Gabin Fanovona du groupe Vaovy est chanté à travers le pays. D’Harvard aux États-Unis à Maninday à Tuléar, les chorales l’intègrent à leur répertoire. Salala a repris ce morceau à sa manière, lui donnant une dynamique tout autre. Aujourd’hui, la formation s’est formée avec, à sa tête, Christian Harimino Andrianjanaka. Toujours dans le beko, chanté en a cappella à la base.
Maminirina Rado