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mercredi, novembre 27, 2024
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Portrait : Le chantre du hosika, Sylvain Kabôsy

Sylvain Kabôsy a déjà collaboré avec le fameux Studio Feo de Tamatave, une autre référence.

Sylvain José Randrianarisoa, ou Sylvain Kabôsy, est un défenseur du « hosika », genre musical traditionnel caractéristique du groupe humain Betsimisaraka. Avec sa musique, il a traversé les Républiques, il a joué pour les puissants…  

Il suffit d’un rien pour que Sylvain José Randrianarisoa chante. Au fil d’une discussion, il lui arrive soudain d’entonner un morceau de sa région natale. « Ô lilahy », « Randrio ambiliravina », « Oragna avaratra ‘ty rô kara ariagna », il énumère ensuite ces titres qui sont restés depuis des siècles dans le patrimoine des grands évènements traditionnels. Comme le « Sambatra » à Mananjary, la circoncision collective, « Chez nous cela s’appelle le “laza”», précise-t-il. Ou encore de chanter simplement l’esprit accueillant, qu’il faut bien s’occuper des étrangers ou des visiteurs car c’est faire le bien. Le souci de toujours être bon envers l’autre, le « hosika » en est imprégné. Né le 24 février 1965, Sylvain Kabôsy de son nom de scène, a passé une enfance rurale à Ambodivandrika à quatre kilomètres de Tanambao Manampotsy, ville de l’Est, portail des cyclones…entourée d’immense dédale de verdure et de champs d’arabica. « Mes parents étaient des planteurs », rappelle-t-il fièrement. Dans les années 80, cette aire culturale défiait le Brésil en exportant du café vers les marchés d’Europe et d’ailleurs. Puis d’un coup, faute à « nul n’en connaît la raison », le marché plonge. Le pays de Pelé reprend le dessus. Le jeune Sylvain est envoyé à Tamatave pour poursuivre ses études. Des sociétés comme Roso, Somacodis, SPM et d’autres préfèrent déguerpir. Du temps où le café faisait bien vivre Tanambao Manampotsy, « en fin de journée après les travaux des champs, nous les jeunes, on trouvait un coin et on jouait de la musique ». Le village baignait alors dans une sorte de douceur de vivre comblée par l’opulence de la nature. C’est à partir de ces séances musicales que Sylvain José Randrianarisoa s’initie au « kabôsy ». Il se souvient. « Il y avait Berthin, maintenant décédé, il jouait du kabôsy comme personne. Nantenaina, il habite à Tsarasambo à Vatomandry. Et enfin, Philippe, un virtuose du sodina (flûte traditionnelle), il vit encore à Ambolovandrika et en joue jusqu’à maintenant malgré son âge ». Les souvenirs remontent au fur et à mesure que le maestro du kabôsy de Tamatave revient sur ses années de l’initiation. Arrivé à Tamatave, à 18 ans, il arrête finalement ses études et trouve un emploi dans la société malgache d’émaillerie. Du temps du président de la République Didier Ratsiraka, chaque samedi s’organisait sur le théâtre de verdure à Bazarikely un « festival » de musique traditionnelle et folklorique. Les ténors y défilaient : Théo Freddy, Mamindrazana, Volambita et d’autres. Avec sa bande, il décide de s’essayer sur cette scène. « Nous n’étions que des “bandikely midôladôlaen face de ces grands », rigole-t-il. Pour ainsi dire, sa troupe se souciait peu de recevoir un cachet ou non. « Des fois il y en avait parfois non ». Puis vint Solo Raza, « un gars de Moramanga , il m’a proposé de jouer avec son kabôsy électrique ». Un grand souvenir. Sa réputation s’agrandit et il est invité lors des festivités de l’Indépendance sur les podiums. S’ajoute à la troupe « Tôbia, un joueur d’harmonica, il vient d’Andovoranto ». Entretemps, Sylvain José Randrianarisoa quitte son emploi. Tantôt collecteur, tantôt entrepreneur, il rencontre Kassim, un patron « karana » ratsirakiste de la première heure, grand amateur de musique traditionnelle malgache. À vrai dire « Il était métisse, il venait de Mahanoro », recadre-t-il. L’indien possédait un garage et une troupe musicale, Vorondreo, basée à Ambolomadinika. Les contrats pleuvaient en solo ou en groupe. « Nous étions appelés dans des évènements traditionnels à Foulpointe, par des politiciens qui inauguraient quelque chose… », retrace Sylvain Kabôsy qui, plus tard, a su jouer de l’accordéon. Le hosika, musique séculaire et actualisée par génération, sonne à travers toute la région de l’est malgache. Et d’ajouter, « J’ai déjà accueilli en musique tous les présidents, Didier Ratsiraka, Zafy Albert, Marc Ravalomanana, Hery Rajaonarimampianina et Andry Rajoelina, lors de leur descente d’avion à Tamatave ». Aujourd’hui, il est l’un des gardiens du hosika à Tamatave. « Ce genre n’est pas près de mourir, parce qu’il y a des traditions qui sont immuables, comme l’érection de la tête de zébu durant les Tsaboraha, durant le mifady dans le tranobe… la musique traditionnelle est impérative, pas de dj. À ces moments, nous utilisons aussi le fare (instrument fait de bambou). Et nous, nous continuerons de jouer le hosika à jamais ». Aujourd’hui, il vole de ses propres ailes. Sylvain Kabôsy possède son propre groupe avec un rêve de porter le hosika d’Ambodivandrika Tanambao Manapotsy dans les grandes villes de Madagascar et du monde. 

Maminirina Rado

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