- Publicité SW45 -
samedi, décembre 21, 2024
- Publicité -
AccueilCultureCyclone Kamisy (1984) : L'une des causes de l'impopularité du régime

Cyclone Kamisy (1984) : L’une des causes de l’impopularité du régime

C’était le 9 avril 1984. Tout paraissait calme. Oui, le calme avant la tempête. « J’avais 29 ans à l’époque. À 6 heures, j’allais acheter du pain, mon train-train quotidien. Je n’allais pas imaginer que ce serait si tragique », se souvient une dame de 70 ans.

Vers 9 heures 30, tout a changé, le vent s’est mis à souffler dans tous les sens. Les habitants d’Antsiranana ne s’attendaient pas au pire, ils pensaient que la saison du Varatraza a commencé. Ensuite, une pluie assez violente a arrosé la partie septentrionale de la Grande-Ile. « Mon voisin  et moi avons discuté chez lui. Lorsque nous avons entendu  la pluie torrentielle, comme si on versait de l’eau sur le toit, nous nous sommes regardés droit dans les yeux… Je voulais directement  rentrer chez moi, alors une fois qu’il a ouvert sa porte, il avait l’impression que le vent l’emportait. Et il m’a conseillé de rester là et d’attendre que ça cesse !  », a témoigné Ndriandahy. 

Le bilan est lourd. Hormis les maisons ruinées, des centaines de sinistrés, une dizaine de morts a été constatée. Les rizières d’Andranofanjava, d’Anivorano  ont été ravagées. Kamisy n’a épargné personne. La ville d’Antsiranana a perdu son charme. Le somptueux Hôtel des mines en est un exemple.  Construit en 1907 par le Français Alphonse Mortages, ce monument historique a été fortement secoué. Et jusqu’ici, aucune réhabilitation n’a été envisagée. 

Moment périlleux

L’ intempérie  a aussi accentué  une crise  qui était déjà ressentie à la fin des années 1970. Les deux chocs pétroliers ont provoqué des difficultés économiques dans les pays nouvellement indépendants comme Madagascar. Bien que la politique d’ajustement structurel ait été établie par le gouvernement de la Deuxième République, le niveau de vie de la population demeure à la limite du seuil de la pauvreté. Dès lors, les produits de première nécessité  se faisaient  rares. « Il n’y avait pas de savon, pas de riz, ni de sucre. Nous nous levions tôt, à 3 heures du matin  pour grossir les rangs des Malgaches qui se mettaient à la file indienne pour acheter du riz pakistanais. Les gens étaient si nombreux que dès fois nous retournions bredouille à la maison… Donc,  nous allons à l’école le ventre vide. Il m’arrive d’entendre mon  ventre gargouiller.  Au début j’avais honte, mais quand j’ai entendu le même  son  résonner successivement dans la salle de classe, je me suis dit qu’il n’y a pas que moi qui souffrait ! », raconte en riant Jean Jacques Ranaivohendry, un contemporain  de l’époque. En effet, Kamisy a démenti l’adage célèbre souvent prononcé par les habitants Tavaratra de 1950 à 1970, « Diego tsy matin’ny mosary», littéralement, « Diego n’a jamais faim », en raison de son niveau de vie en dessous de  la moyenne.  Par dessus tout, bon nombre de jeunes se retrouvent au chômage. À part  les petites entreprises qui sont obligées de  réhabiliter  leurs locaux dévastés, d’autres ont carrément  fermé leurs portes. La ville autrefois industrialisée s’est agenouillée. Il a fallu une dizaine d’années pour recoller les morceaux cassés… 

Le cœur endurci. 

En effet, cette catastrophe naturelle a éveillé une réflexion régionaliste. Certes, l’État est venu au chevet des nécessiteux. Cependant, les aides ont été retardées à cause de  l’éloignement géographique. Cela a forgé davantage le comportement des Diegolais. Ceux-ci, se croyant oubliés par le pouvoir central, se sont contentés  des ressources dont ils disposent… Suite logique, le président de la République devient impopulaire. Le cyclone Kamisy a marqué le début de la fin de la Deuxième République. 

Iss Heridiny 

- Publicité -
- Publicité -
Suivez nous
401,973FansJ'aime
9,563SuiveursSuivre
1,463AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici