Candidat aux présidentielles du 7 novembre prochain, Dama, ou Rasolofondraosolo Zafimahaleo, est un politicien pas comme les autres. Il se démarque de ses concurrents à travers sa philosophie, le « Valimbabena », qui met en exergue les valeurs culturelles et traditionnelles pour un développement durable. Son système anticonformiste met entre les mains des « fokonolona » les moyens nécessaires pour leurs propres développement. Portrait.
Dama, c’est le nom qui l’a fait connaître depuis 1972 où le groupe Mahaleo, dont il fait partie, a conquis le coeur de tous les Malgaches… ou presque. Déjà sous forme de révolution, ce groupe a chanté bien des réalités reflétant les maux de la société. Et il continue, jusqu’à aujourd’hui, à parler aux jeunes, aux moins jeunes et aux générations qui se retrouvent dans les paroles de leurs chansons. Depuis, Dama, ou Rasolofondraosolo Zafimahaleo, a fait du chemin, tantôt dans la musique, mais aussi, et surtout dans la politique et le développement.
Né le 26 mai 1954, il est le fils d’un enseignant. Il est marié, a deux enfant et deux petits-enfants. Il a grandit dans le respect de l’environnement, notamment dans l’agriculture et l’élevage. Il a suivi un cursus scolaire ordinnaire, puis a continué ses études à l’université d’Ankatso, par ses propres moyens et parfois en sacrifiant ses guitares en les vendant afin de terminer ses études, et devenir sociologue.
Dama a depuis fait un long chemin. Son métier de sociologue lui a permis d’écrire des chansons qui dépeignent le quotidien des Malgaches. Mais ces histoires l’ont rapproché du peuple. Car avec son groupe, Mahaleo, il a réussi à se faire aimer de plusieurs générations. Autant dire que si les compositions sont mélodieurses et les accords faciles, c’est aussi parce que les paroles des chansons du groupe attirent et parlent des réalités que vivent les Malgaches au jour le jour. Malheureusement, en plusieurs décénnies, certaines situations dramatiques restent actuelles, et la paupérisation de la population fait que de plus en plus de personnes sont touchées par les difficultés sociales. Le groupe Mahaleo, dont Dama, n’est d’ailleurs pas resté figurant, ni narrateur de ces crises sociales, mais bien acteur car il a participé aux luttes sociales en 1972.
« Valimbabena ». A Madagascar, il n’est pas rare que des artistes troquent la scène contre un poste politique. Dama en a fait de même, à la différence près qu’il a continué sa carrière de chanteur. Car dès 1992, il s’oriente vers la politique et se porte candidat aux élections législatives. Il est alors élu, et deux fois, député d’Antananarivo et d’Ambatofinandrahana, entre 1992 et 2000. C’est dire que la scène politique, il la connaît tout autant que la scène musicale. Il lui aura fallu attendre 18 avant de reprendre les chemins de la politique et d’annoncer très officiellement sa candidature à la magistrature supême pour les présidentielles de novembre prochain. Et cela même si cela fait depuis plusieurs années qu’il réfléchit sur les actions concrètes qu’il voudrait mener pour améliorer les conditions de vie des Malgaches. En 2013, il sort le livre « Antso valimbabena atao amin’ny mpiara-belona ho an’i Madagasikara ». Ce fameux « valimbabena » ou redevabilité, qu’il veut promouvoir pour parler à la conscience de chaque citoyen.
Ce « valimbabena », une philosophie qui tire ses essences des valeurs culturelles et traditionnelles malgaches. Un système anti-conformiste, une structure anti-système, ou du moins anti-système occidental car selon Dama, ce sont des structures qui ont été suivies et appliquées par les communautés malgaches depuis des années, et qui ont même déjà porté leurs fruits. En somme, un retour aux sources pour mieux sauter vers l’avenir. Dans cette structure plus traditionnelle, les « fokonolona » sont mis en avant, et auront les pleins pouvoirs et responsabilités du développement local. Un système qui connaît un succès dans certains villages éloignés où ces pratiques traditionnelles tiennent encore une place importante dans la société. A cela s’ajoute une refondation de toute l’administration, mais aussi la fin du gaspillage perpétré par les membres du gouvernement, et une qu…..
Approche holistique. En bon sociologue, Dama a eu le temps d’observer la vie quotidienne des Malgaches. Ses racines et son éducation provenant de la terre, de l’agriculture et de l’élevage, l’ont certainement motivé à créer son centre de formation en permaculture à Morondava. Un centre qui a vu des milliers de paysans avec les acquis nécessaires pour exploiter la terre. Ses expériences en tant que Technical Advisor dans un projet européen à l’étranger, lui ont permis de comprendre comment créer des relations bilatérales, voire multilatérales, dans le financement des projets de développement. Dans son propre projet de développement, son programme est axé sur 3 principaux départements: l’Homme, incluant l’éducation, la recherche, l’industrie, l’énergie, les sciences, les ressources minières… Un engrenage où chaque maillon a sa raison d’être, car c’est l’Homme, armé de connaissances à travers l’éducation et les recherches scientifiques qui pourront exploiter et gérer les ressources naturelles. De ce fait, ces richesses naturelles que Mère Nature a donné à Madagascar pourront servir les populations, ainsi améliorer leurs conditions de vie au quotidien. Vient ensuite le département Mer, ou les ressources marines. Car le territoire marin de Madagascar et très grand, et regorgent de richesses qui n’attendent qu’à être exploitées et gérées à bon escient pour nourrir la population et assurer ainsi son développement. Enfin, il y a le département de la Terre, qui englobe l’accès à l’eau potable. Bien sûr, le développement ne peut se faire qu’à travers une approche holitstique permettant ainsi à chaque partie prenante de concrétiser son programme de développement. Pour Dama, rien n’est perdu. et si tout est à refaire, il fait appel à tous les citoyens Malgaches pour être acteur de ce changement vers le développement.
Anjara Rasoanaivo