
Face à la situation d’insécurité alimentaire dans le Sud et en l’absence d’une réaction rapide, le DG de la FAO craint que ne se répète à Madagascar ce qui s’est produit en Somalie en 2011 où 200 000 personnes sont mortes de faim.
Le sud de Madagascar au bord de la famine. La situation d’insécurité alimentaire dans cette partie du pays est arrivée à un stade très proche de la véritable famine pour plus d’un demi-million de personnes. « Selon les estimations actuellement disponibles, en septembre 2016, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le sud de Madagascar dépasse les 1,4 million. 600 000 d’entre eux sont considérés comme étant en situation de grave insécurité alimentaire, ce qui selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) les place au niveau des dernières étapes précédant le stade de famine… », déclare José Graziano da Silva, directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
La Niña. La situation dans le Sud résulte principalement du phénomène El Niño dont les effets se font durement ressentir dans de nombreux pays du monde, notamment dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation. D’après les climatologues, il se pourrait que se produise le phénomène inverse, La Niña. Ce phénomène climatique se manifeste par une forte baisse de la température des eaux équatoriales de surface. Ce qui pourrait avoir des conséquences comme des précipitations supérieures à la moyenne, des inondations dans les zones affectées par la sécheresse engendrée par El Niño. « Pour Madagascar, La Niña pourrait avoir de sérieuses conséquences, comme celle d’une hausse de l’intensité des cyclones et des tempêtes tropicales, qui aurait pour effet d’aggraver l’insécurité alimentaire chez les populations rurales du pays dont la capacité à faire face aux chocs climatiques est déjà fragile », ajoute le DG de la FAO, non sans souligner l’urgence d’une intervention dans cette partie de l’île afin d’empêcher que ne se produise à Madagascar la situation vécue par la Somalie en 2011, où 200 000 personnes sont mortes de faim, à défaut d’une réaction rapide.
Stratégie « faim zéro ». En Somalie, les mesures prises ont porté leurs fruits dans la lutte contre l’insécurité alimentaire : la stratégie « faim zéro » qui consiste, d’une part, à faciliter l’accès aux fonds par les populations et relancer ainsi la production locale, et d’autre part, à distribuer des semences pour relancer les activités agricoles. L’approche « faim zéro » inclut des transferts d’argent dans le cadre de mesures d’urgence de protection sociale qui permettent aux populations d’accéder à la nourriture. Et en complément de l’assistance alimentaire et autres actions dans le cadre des interventions d’urgence, des interventions à moyen terme sont nécessaires, afin de renforcer la résilience des populations et les armer en vue de futurs chocs climatiques. Par ailleurs, les appuis aux petits exploitants agricoles font partie du processus, en leur fournissant des semences, des engrais, des outils et divers intrants agricoles, ainsi qu’en les aidant à stocker l’eau. Autant de mesures préventives qui pourraient en venir à bout du « kere ». Pour l’instant, la situation reste inquiétante dans le Sud dans la mesure où la sécheresse a impacté sur la campagne agricole 2015-2016 : la production agricole a chuté de manière vertigineuse, tandis que cette année, la production de maïs et de manioc a baissé de 95% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. L’année dernière, elle était supérieure à 80%. De quoi durement éprouver les ménages les plus vulnérables dans les sept régions du sud de Madagascar, notamment les ménages les plus vulnérables.
Hanitra R.