
Parmi les exilés de la crise de 2009, l’ancien ministre sort de son silence, pour parler non pas de la politique politicienne, mais de la Décentralisation. Bezara Manassé a choisi la Normandie (France) comme terre d’exil, et il a même écrit un livre là-dessus. D’après lui, l’épanouissement de la décentralisation à Madagascar est confronté à quatre facteurs de blocage. « Primo, personne n’envisage de se dessaisir facilement, de partager volontairement un pouvoir, qui confère honneurs et avantages. Par conséquent, malgré quelques intentions heureuses au sommet de l’Etat, le processus reste à son état de balbutiement, réduit à une sorte de cache-sexe pour se protéger des promesses électorales. Secundo, les entités administratives intermédiaires ont du mal à s’implanter à cause du manque de ressources humaines de qualité, d’insuffisance de moyen financier, du manque d’infrastructures (…) », explique-t-il.
Volonté politique. Le facteur de blocage à l’épanouissement de la Décentralisation est, selon toujours l’ancien sénateur, « la crainte de certains responsables de possibles dérives, la méfiance vis-à-vis des idées séparatistes portées par certaines personnalités excentriques et le risque d’expression d’égoïsme de certaines régions renommées riches ». « Le quatrième blocage est la carence en volonté politique, le manque de désir opérationnel et l’insuffisance des travaux universitaires dans le domaine », souligne-t-il. Avant de se poser une question : « Pourquoi ne pas mettre en place un Observatoire national du processus de décentralisation par exemple ? ». D’après Bezara Manassé, la décentralisation pourrait bien constituer une réponse durable aux défis de développement de notre société.
Recueillis par R. Eugène