
Le pionnier du « jazz malgache », Harly Rajaobelina s’en est allé. La nouvelle est tombée lundi et a abasourdi tout le macrocosme de la musique nationale de Madagascar jusqu’à l’étranger.
Harly Rajaobelina, un nom sonnant comme un mythe chez les mélomanes malgaches. Pourtant, de nombreux amateurs de jazz lui vouent un grand respect depuis la période X Company, Oro ou Mjsc. Dès lors, c’est avec une grande tristesse que les proches et amis de ce grand pianiste ont annoncé son décès le 6 mai. Une perte énorme pour la musique malgache. Lui qui est resté des années loin de sa terre natale. Mais qui, à chaque fois qu’il y retourne au pays le ressent comme un voyage à la Mecque.
Haja Ravaloson, jazziste émérite et ancien musicien d’Harly Rajaobelina, y va de son hommage. « Le premier, le grand frère qui m’a fait confiance en tant que musicien de jazz dans son quintet… quand j’avais 20 ans ». Digne des grands de ce monde. Cet artiste a toujours été discret, comme la majorité des grands talents du jazz malgache. Pourtant, il est maintenant à classer parmi les illustres comme Jeannot Rabeson, Rahoerason et des meilleurs.
La jeune génération de son époque, Harly Rajaobelina les a poussés pour atteindre le firmament du succès. Pour ne citer que ses duos légendaires avec Nônô sur « Hoy ianao », ou encore « ialahy ». Il a été aussi un grand frère pour des maestros comme Solo Andrianasolo. Lalatiana, la diva reconnait « un grand musicien, qui a forcé le respect de tous, celles et ceux qui l’ont connu et qui ont eu le privilège de travailler avec lui ».
L’horizon comme limite. Dans un de ses témoignages, Harly Rajaobelina revient sur ces temps pionniers. « Parce qu’en 1977, quand j’ai essayé de mélanger un peu les fruits du terroir, si je peux m’exprimer comme cela, avec des notions de jazz, on a commencé par en rigoler. Parce qu’on pensait que le jazz était essentiellement américain et on ne sortait pas de là. Mais j’ai joué mon truc ». Avec son air doux et joyeux, on l’imaginait affronter tout sourire les foudres des puristes de l’époque.
On imaginait alors mal qu’on ne retrouvait pas à ses côtés des illustres comme Tôty, Pana et bien d’autres encore. Le tout Tana se souviendra des soirées endiablées au Papillon Bar de l’ancien Hilton aujourd’hui devenu Carlton. On y retrouvait entre autres, Isabelle Rabaraona, Elysée Rakotoralahy, Jaojoby Eusèbe… On se souviendra également de sa touchée unique sur « Kiaky ny manina », une création de Michèle Rakotoson dont les mots ont retrouvé la verve de Harly Rajaobelina.
Maminirina Rado