
Jean Eric Rakotoarisoa brandit des sanctions à l’endroit des députés et des ministres récalcitrants.
Le président du Sénat Honoré Rakotomanana a déposé hier sa déclaration de patrimoine auprès de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). Jusqu’ici, seuls deux sénateurs se sont acquittés de cette obligation : le président et le vice-président pour la province de Mahajanga, non moins ancien ministre de la Pêche et des Ressources Halieutiques Ahmad. Lors de son déplacement à Ambohidahy, Honoré Rakotomanana a laissé entendre que tous les 63 sénateurs sont tenus d’effectuer leur déclaration de patrimoine avant la fin de la session en cours. Interrogé par les journalistes, le président de la HCC Jean Eric Rakotoarisoa a déploré le fait que certains députés refusent jusqu’à présent de s’acquitter de cette obligation imposée pour la lutte contre la corruption à Madagascar. Jusqu’ici, seuls 82 députés sur 151 se sont rendus à Ambohidahy pour cette obligation. Jean Eric Rakotoarisoa a brandi des sanctions à l’endroit des députés récalcitrants. Le président de la Haute Cour Constitutionnelle a par ailleurs fait savoir que les nouveaux membres du gouvernement et même les redoublants (reconduits), sont également soumis à cette obligation.
Manque de transparence. Malgré un certain retard dans la déclaration de patrimoine des parlementaires et des membres du gouvernement, Jean Eric Rakotoarisoa a déclaré hier à Ambohidahy que la HCC continuera à mobiliser les personnes soumises à l’obligation. En tout cas, bon nombre d’observateurs s’interrogent sur l’efficacité de l’actuel système qui, faute de transparence, ne permet pas de suivre l’évolution des patrimoines des dirigeants. Le SeFaFi (Sehatra Fanarahamaso ny Fiainam-pirenena), dans son dernier communiqué, a dénoncé ce manque de transparence. Le système actuel n’exige par exemple qu’une seule déclaration de patrimoine à un ministre qui entre dans le gouvernement. Il n’est plus soumis à l’obligation après son départ. On ne sait plus s’il s’est enrichi ou s’il s’est appauvri. Or, le véritable esprit de toute déclaration de patrimoine doit permettre aux contribuables et aux citoyens d’avoir un droit de regard sur les patrimoines de leurs dirigeants. Faute de suivi, toute mesure de sanction est impossible contre les dirigeants qui se sont illicitement enrichis durant l’exercice de leurs fonctions. Bref, si tous les députés, tous les sénateurs ou tous les ministres font leur déclaration de patrimoine à la HCC, l’objectif ne sera pas atteint. L’obligation de déclaration de patrimoine est devenue une simple formalité administrative pour nos dirigeants.
R. Eugène